Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaus

Du haut de ses 72 ans, Catherine Hubeau est partie sur le bord de mer pour se promener. Tout en jouissant quelque peu du dépaysement que lui procure son déplacement, elle ne peut s’empêcher de penser à Michel, son fil de 43 ans qui a la particularité d’être handicapé mental et qui nécessite une surveillance de tous les instants. Aussi, gagnée par une inquiétude lancinante, elle ne peut s’empêcher de s’informer à tout bout de champ des agissements de son fiston à la maison et décide même d’écourter son voyage. Il est vrai que Michel est en lui-même un sacré personnage que la vieille dame se doit, quotidiennement, de surveiller et également d’occuper tant bien que mal via des activités répétitives bien des fois contraignantes. Alors, cette vie de sacrifice, vaut-elle réellement la peine qu’elle la vive ? Assurément, car quand on aime, on ne compte pas !

Par phibes, le 23 septembre 2013

Notre avis sur Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaus

Arborant un titre à rallonge qui a le don d’interpeller de par son côté ubuesque, le présent recueil remet en scène le détonant scénariste de l’Elève Ducobu, à savoir Zidrou, dans des dispositions scénaristiques qui ne sont pas sans rappeler celles d’un ouvrage qu’il a réalisé antérieurement, Lydie.

En effet, l’artiste s’éloigne un tant soit peu des histoires humoristiques pour se focaliser sur un autre registre qu’il maîtrise incontestablement, celui de l’émotion. Il ne fait aucun doute que cet ouvrage en est chargé et, à cet égard, ne peut laisser insensible les lecteurs qui s’y plonge. Dès le départ, on se laisse porter par la sensibilité débordante de cette vieille dame, perdue dans ses pensées, qui s’inquiète à tout va d’une personne qu’elle a momentanément délaissée, son fils. Après ce prologue prévenant, l’on découvre le fameux fiston, son handicap, ses habitudes routinières et par extension ce qu’il génère à son entourage et plus précisément à sa mère.

Au travers de son récit séquencé agréablement, Zidrou met en avant l’abnégation d’une femme face à la maladie. Jouant sur des élans de tendresse dispensés avec générosité, son récit nous dévoile le dur labeur de Catherine, femme chétive, face à son fils adulte handicapé imposant. Il nous fait toucher du doigt les efforts de cette mère qui, par amour indéfectible et souvent par connivence, cale son existence sur le quotidien "puéril" bien précis de son enfant. De même, il nous sensibilise sur l’handicap de Michel, sur les raisons dramatiques de son état et également sur son entourage des plus compatissants. Aussi, les émotions se télescopent harmonieusement et viennent se mêler à des accents de drôlerie respectueux et bien plaisants.

Pour l’occasion, Zidrou s’est associé à Roger, un dessinateur qui a construit sa popularité autour d’une saga policière plus violente, Jazz Maynard. Ce dernier vient ici apporter une touche beaucoup plus tendre, plus émouvante. A ce titre, l’on concèdera que l’artiste a finement étudié ses personnages en jouant sur leur apparence (Catherine, dans sa fragilité, Michel dans sa corpulence) et en leur conférant une expressivité remarquable. Les regards sont profonds, les attitudes très évocatrices. Le trait mis en avant reste donc d’une grande maîtrise, dans une mise en image émouvante totalement en osmose avec le récit.

Une très belle histoire complète, basée sur les sentiments les plus nobles tels l’amour, le don de soi, l’humanité. Emotions garanties !

Par Phibes, le 23 septembre 2013

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