Péplum

Dans un monde antique en déclin, aux confins d’une région reculée un jeune esclave et son maître débusquent un trésor inestimable, une femme prise dans un bloc de glace. Envoûté par sa grande beauté, le jeune homme en perd la raison et assassine son maître, un chevalier romain exilé. Dès lors il usurpe son identité et son aventure commence…

Par melville, le 17 avril 2011

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Notre avis sur Péplum

Blutch est un auteur dont les œuvres sont complexes et souvent ambigües, et il est nécessaire, je pense, de s’abandonner totalement à elles pour réellement les apprécier. D’une profonde richesse intellectuelle, soit on possède les références nécessaires pour parfaitement en saisir toutes les subtilités, soit (ce qui est mon cas) se laisse emporter par le récit et on apprend à apprécier le mystère.

Acheté sur un coup de tête c’est sans savoir à quoi m’attendre que je me suis plongé dans la lecture de Péplum, et parfois l’audace a du bon. Blutch s’inspire librement de Satiricon de Pétrone et dresse le décor décadent, sanguinaire et lubrique d’une société romaine en déclin où son héros dont on ne connaîtra jamais le véritable nom essaie de trouver sa place. Comme le miroir de notre société, les personnages de Péplum nous renvoient constamment à nous même, et au final la lecture de ce livre relève bien plus de l’introspection que du péplum proprement dit.

Blutch aime cultiver l’ambigüité et les contrastes, l’univers de Péplum est épique et flamboyant, son propos intimiste, presque secret. L’auteur met en scène un baroque exacerbé derrière lequel se cache une finesse de regard. Blutch suggère plus qu’il n’impose, il laisse chacun se construire sa propre réflexion tout en nous guidant là où il souhaite que l’on aille. C’est comme s’il nous accompagnait un bout du chemin et une fois arrivé à l’entrée de la grotte, nous laisser terminer le voyage seul. Seul face à nous même, seul face à nos propres démons…

Et pour porter ce récit, le dessin de Blutch en noir et blanc fait l’effet d’une pique acérée. Son trait renferme presque quelque chose de douloureux, ou de très sombre en tous les cas. Vif, nerveux, comme exécuté en seule et unique prise, il saisit le lecteur et le conduit au cœur du récit.

Péplum est une œuvre complexe, cruelle et amére, mais également d’une grande richesse. Parfois il faut oser passer outre ses doutes pour avoir l’occasion de découvrir un autre visage de la bande dessinée.

Par melville, le 17 avril 2011

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