Période Glaciaire

Dans un siècle futuriste, une équipe de scientifiques part à la recherche d’un continent englouti sous la glace. Le flair expert de Hulk, le chien-cochon, les guide jusqu’au lieu probable de l’ensevelissement. C’est alors qu’émerge un immense édifice enfermé dans un iceberg.
Ils viennent de retrouver la trace de cette civilisation disparue. Leurs découvertes ne font que commencer…

Par MARIE, le 1 janvier 2001

2 avis sur Période Glaciaire

A la différence de la chanson de Brassens qui commence comme ça : « Une jolie fleur dans une peau de vache… », l’album « Période Glaciaire » joue les apparences et réussit un livre superbe, pensé à tous les niveaux.
En tant qu’objet, ce livre de bande dessinée s’approche du livre d’art, envisagé et décrit jusqu’à la qualité du papier utilisé. L’éditeur a voulu mettre les petits plats dans les grands, il veut que ça se sache.. Alors pourquoi pas puisque le résultat est convainquant. La maquette de couv sobre et efficace, le choix du lettrage, les couleurs et le format, tout y est pour que le regard des lecteurs bédéphiles s’arrête sur lui.

La recette ne s’arrêtant pas là, le contenu ne fait pas mentir son emballage.
Le sujet, d’abord élitiste, est plus facile d’accès qu’il n’y paraît et permet au lecteur de relier l’aventure, l’humour et la culture. Cet étonnant mélange, fonctionne bien, surtout en début et fin d’album. Parfois rapide, parfois un peu lent, le récit captive à divers niveaux en y introduisant plusieurs facettes du comportement de l’homme (jalousie, cruauté, curiosité, etc.…) Le genre garde une dimension humaine et évite l’écueil de la visite guidée façon monocorde, monotone.

Un peu pédagogue, l’auteur pose quelques questions et y apporte les réponses, ainsi on apprend l’origine et le sens du mot « Louvre ».
Egalement il profite de cet ouvrage pour constater que parfois la valeur d’une œuvre d’art se place au dessus de celle d’un être humain (Deuxième guerre mondiale).

Le dessin de De Crécy, superbe, est nettement plus réaliste et lisible,si j’ose dire, que d’ordinaire. Le trait s’adapte à la collection même si Futuropolis, le nouveau, se veut exigeant face à ses lecteurs. On aimait l’idée de faire descendre l’art dans la rue, jolie philosophie des années 70, ici on peut dire qu’avec cette collection, en admettant que les dessinateurs gardent un style lisible accessible à tous, l’art appelle alors le public à venir à lui. Il fallait construire un pont, c’est apparemment, chose faite. Alors bravo pour avoir réuni autant de points positifs au même endroit.

Du point de vue de la construction et de son originalité, j’aime aussi beaucoup ces amalgames (comprenez les deux sens du mot) et, s’inspirant du sculpteur César et de son art de la compression, y ajoutant des relations émotionnelles fortes telles que le rapprochement solidaire pour faire face au danger, la planche finale sort tout droit du passé non seulement en force mais aussi en forme pour qu’il ne reste qu’une image imposante inspirant le respect ou l’admiration.

Outre tous ces éléments, l’auteur fait un balayage subjectif de certaines œuvres exposées au Louvre, listées en fin d’album avec descriptif précis et permettant de les situer à l’intérieur du musée lui même.
Cette co-édition entre le Musée du Louvre et les éditions Futuropolis sont une vraie réussite si vous aimez l’art et la découverte, si vous aimez l’Histoire et l’humour, Jules Vernes pour son avant-gardisme, etc.
Un conseil pour vous sentir en phase avec la fiction, laissez-vous aller dans cet espace presque mythique, entrez dans cet univers surréaliste et rêvez au gré du dessin et des émotions sans résister. Normalement, ça fonctionne !
Voilà donc un essai intéressant et ambitieux auquel je reproche toutefois de ne pas s’adresser à un plus large public.

Par MARIE, le 1 novembre 2005

L’arrivée d’un nouveau De Crecy est toujours une excellente nouvelle, d’autant plus qu’il revient à une production plus soutenue !
Cet album est aussi le retour d’un auteur en pleine forme, au mieux de ses capacités qui mélange les style, enrichie le tout de collage, de références à l’histoire de l’art et de tout un tas de jeux sur les techniques. C’est époustoufflant.
MAis cet album est aussi une véritable reflexion sur ce qu’est l’art et sur ce qu’il enseigne en tant que trace d’une culture. En commanditant ce formidable projet le Louvre ouvre ses portes à l’imagination, au sens qui se déforment, se réapproprient et extrapolent une vision d’un artiste. C’est beau et très souvent cela ne mérite vraiment aucun commentaire en fait !
Car même si on peut avoir l’impression que De Crecy raconte une histoire de SF on se rend rapidement compte qu’avant tout il nous pousse à nourrir notre regard de ces oeuvres impérissables qui pleines de sens peuvent aussi se laisser prendre par la main par un esthète amateur dont la courbe d’une hanche anime l’imagination !
Les oeuvres d’Art s’animent alors et se racontent, semblent se plaire dans cette éternité qui les carresse. Et De Crecy s’amuse, il entre dans ces murs sacrés, célébrés, il passe la main sur une toile, louche sur une idole de pierre et commence à se raconter ses propres histoires.

"Période glaciaire" est un album bien à part, exigeant dans la finesse de son approche mais étonnamment remarquablement ouvert aux gens. Vous n’y connaissez rien en histoire de l’Art mais qu’importe, vous entrerez dans une autre histoire, plus fantaisiste celle là et vous deviendrez vite un amateur éclairé dans un certain sens !

Je ne sais pas si il y aura d’autres albums dans le style, dans cette collection, Futuropolis est de retour, j’espère qu’il y aura encore de très belles surprises comme celle là !

Je retourne feuilleter ce bijou !

Par FredGri, le 2 novembre 2005

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