PETER PAN , tome Int.
Intégrale

(Rassemble les 6 volumes de la série)
Londres, Hiver 1887. Peter survit tant bien que mal dans les rues miséreuses de la ville, entre les coups de sa mère alcoolique et les enseignements généreux de M. Kundal qui lui apprend à lire, à écrire. Mais Peter aime aussi ses amis orphelins qu’il charme avec ses histoires merveilleuses. Dans un ultime coup de colère aviné, sa mère le jette à la rue. C’est à ce moment qu’il rencontre une belle petite fée muette qui s’exprime par gestes, au son de ses grelots attachés au cou et aux chevilles. Celle qu’il baptise alors Clochette lui fait comprendre de la suivre, qu’elle a besoin de lui, et Peter finit par accepter. Elle l’asperge de poudre de fée et ensemble ils s’envolent pour une lointaine île où se sont réfugiées des créatures oubliées, venant des contes et autres histoires imaginaires. Mais voilà, tout ce petit monde est menacé par le vil capitaine des pirates qui est persuadé qu’ils lui cachent un précieux trésor.
Aidé par Pan, Peter apprend peu à peu les règles de cette île. Il finit par accepter de les aider, même s’il n’est pas très sûr d’être vraiment à sa place…

Par fredgri, le 8 décembre 2024

Notre avis sur PETER PAN #Int. – Intégrale

Parus entre 1990 et 2004, les 6 albums de cette série culte sont devenus, au fil du temps, des indispensables que tout amateur de bande dessinée se doit de lire. Loisel reprenait l’univers créé par James M. Barrie, mais en décidant, cette fois, de raconter ce qui avait précédé, quand Peter vivait encore à Londres, dans ces ambiances dickensiennes, alors qu’il n’était tout simplement pas encore Peter Pan. L’idée est aussi de proposer un récit nettement moins lisse que la version Disney, plus ancré dans un cadre sombre, glauque, dans les rues crasseuses de la ville ou commence d’ailleurs à sévir, en parallèle, un étrange tueur de prostituées…

Loisel joue néanmoins très adroitement avec les éléments du matériau de base.
Il va tout de suite insister sur le rapport corrompu que Peter peut entretenir avec les adultes qui symbolisent à la fois la déchéance, la violence, un univers où il ne peut avoir confiance en personne, excepté le vieux monsieur Kundal qui restera jusqu’au bout son seul repère contre l’adversité extérieure. Rejeté par sa propre mère qui l’oblige même à vendre son corps pour lui payer son alcool, le garçon finit par se laisser séduire par ce monde imaginaire qui se profile dans la silhouette de la belle petite fée Clochette. Après tout, rien ne le retient plus dans cette ville, à part peut-être ses copains de l’orphelinat.
Petit à petit, il va donc poser les éléments qui vont constituer la base de l’histoire qui suivra, la rencontre avec Pan, le capitaine Crochet et le crocodile, la tribu d’indiens et les sentiments de Lys Tigré pour Peter, ainsi que la jalousie de Clochette, sans oublier les premiers « Enfants Perdus ». On évolue donc en terrain connu, avec ce qu’il faut de références qui nous parlent pour reconnaître les petites allusions qui se cachent ici et là.
Toutefois, la proposition de Loisel est rude, parfois assez dure. Il n’épargne personne et Peter, bien qu’il reste le héros de l’histoire, n’en ressort pas forcément mieux que les autres. C’est un garçon généreux et attentionné, mais le Pays Imaginaire est un défouloir qui lui permet de fuir la réalité de Londres et de vivre les aventures dont il a toujours rêvé. Il reste un ado détaché de la réalité qui va apprendre progressivement, à la dure, à assumer son nouveau rôle de héros. Cependant, rien n’est véritablement aussi lisse qu’on pourrait s’y attendre, notamment en ce qui concerne la fée Clochette elle-même qui gagne une épaisseur assez inédite et plus complexe que ce que l’on connaissait jusque-là.

Toutefois, Loisel, en voulant nourrir son intrigue de thèmes plus adultes, plus profonds, oublie de creuser davantage les différentes psychologies qui restent souvent bloquées dans un seul schéma. Mis à part les figures principales (Peter, Crochet, Pan et peut-être quand même Clochette), les personnalités sont assez embryonnaires. Ça ne retire absolument rien à la qualité de l’ensemble, ni au sentiment d’être captivé du début à la fin, mais on a l’impression de passer un peu à côté de la jolie Lys Tigré, des sirènes, voire même des Enfants Perdus.

Il n’en demeure pas moins que l’histoire est extrêmement bien équilibrée, avec tout ce qu’il faut pour nous happer dès la première page. D’autant que le dessin de Loisel est en effet d’une très grande beauté, une vraie maestria dans les cadrages, la fluidité des cases, un très bel équilibre qui rend cette œuvre indispensable.

Redécouvrir aujourd’hui Peter Pan, c’est plonger dans ce que la bande dessinée a de mieux à nous offrir : du rêve, du sentiment, du fond, de la forme et le plaisir de plonger dans un univers passionnant.

Si vous ne l’avez déjà fait, je vous conseille vivement de lire cette série.

Par FredGri, le 8 décembre 2024

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