Petit-fils d'Algérie

 
A presque cinquante ans, Joël Alessandra n’était encore jamais allé en Algérie où une belle partie de l’histoire de sa famille s’était pourtant écrite. Un jour, il s’est lancé, mettant de côté les quelques angoisses qu’il avait d’aller dans ce pays n’ayant pas toujours bonne presse côté tourisme. Avec dans ses bagages quelques documents et quelques photos dont les sujets feraient autant d’objectifs à aller voir, Joël Alessandra est parti découvrir Constantine, ville que les siens avaient eu tant de peine à quitter pour y avoir vécu heureux et pour y avoir construit des bâtiments pour certains emblématiques… Avec une question qui lui brûlait les lèvres, aussi… Et difficile à poser : sa famille, riche, avait-elle été "exemplaire" ou bien avait-elle, comme d’autres dans ce pays qui a connu de fortes tensions dans les années 60, profité de son rang, voire été raciste ?!
 

Par sylvestre, le 14 mai 2015

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Notre avis sur Petit-fils d’Algérie

 
A la fois carnet de voyage et livre de souvenirs familiaux, Petit-fils d’Algérie est une bande dessinée dans laquelle son auteur, Joël Alessandra, a pu une fois encore faire montre de tout son talent. Son talent de metteur en pages, par exemple, puisqu’à l’instar de son Ennedi paru à la Boîte à Bulles, Petit-fils d’Algérie lui a donné l’occasion de faire cohabiter BD, croquis, peintures et insertions de photos. Ses talents d’artiste, bien sûr, qu’il s’agisse de crayons ou de pinceaux. Enfin, ses talents de conteur puisqu’il excelle dans l’art de lier, dans son propos, le passé et le présent, l’historique et le légendaire, le personnel et l’universel…

Sur 115 pages, on part avec Joël Alessandra à la découverte d’une ville, d’une culture, d’une population, d’une âme… Le voyage est d’autant plus intéressant qu’il est aussi, pour l’auteur, temporel : en allant sur des lieux qu’il n’a jamais vus qu’en photo, Joël Alessandra touche du doigt une réalité qui n’était jusqu’alors qu’échos des récits qui lui avaient été faits. Or, la découverte n’en est que plus grandiose quand on apprend que non seulement sa famille a vécu là-bas (à Constantine), mais qu’en plus, c’était une famille d’entrepreneurs (passés de maçons à architectes !) qui y a érigé des bâtiments ; quelle fierté !

On ne dira pas de la démarche de Joël Alessandra qu’elle est plus belle ou plus intéressante que celle de Cyril Pedrosa dans Portugal ou que celle de Caterina Sansone dans Palacinche ; pour ne citer que ces deux exemples. Même si elle l’est, bien sûr, belle et intéressante ! On appuiera plutôt sur le fait qu’elle aussi est avant tout personnelle. On comprend bien le vide que l’auteur voulait combler en faisant ce voyage, on comprend l’importance de vouloir recomposer le "puzzle" historique familial, et l’importance qu’aura son travail sur ses enfants. Mais toute personnelle qu’elle est, cette BD, pour ses intérêts artistique, culturel, documentaire et de composition parle sans problème au plus grand nombre. Qui révisera ainsi un peu son Histoire et sa géographie… Qui visitera de superbes endroits… Qui rencontrera des personnes croisées là-bas… Bref, qui profitera du voyage pour tout ce qu’il apporte.

Une fois encore, Joël Alessandra produit un travail superbe et qui nous ouvre au monde. En nous rappelant en outre que notre richesse, c’est aussi notre histoire, nos racines…
 

Par Sylvestre, le 14 mai 2015

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