Petit pays
En cette année 1994, Gaby, dix ans, et sa petite soeur, Ana, vivent des petits bonheurs simples de l’existence, avec leurs parents, à Bujumbura, capitale du Burundi. Leur père est français, leur mère est une Rwandaise tutsie.
Cette dernière s’inquiète des tensions inter-ethniques qui montent, indiciblement, comme un miroir à la crise qui se cesse de s’aggraver dans le Rwanda voisin. Le père, lui, refuse de voir les problèmes. Il a tort. Les mois qui s’annoncent vont signer, pour leurs enfants, la fin de l’innocence.
Par legoffe, le 26 avril 2024
-
-
dessinateur :
-
Coloriste :
-
Éditeur :
-
Collection s :
-
-
Sortie :
-
ISBN :
9791034737369
Notre avis sur Petit pays
Afin de commémorer les génocides rwandais et burundais, qui ont eu lieu voici 30 ans, Marzena Sowa et Sylvain Savoia s’associent à Gaël Faye pour adapter son célèbre roman Petit pays. Ce récit, en partie autobiographique, nous entraîne dans le Burundi de l’époque, nous faisant vivre ce moment où tout a basculé.
Le grand public a été beaucoup marqué par le génocide des Tutsis au Rwanda, ainsi que des Hutus favorables aux accords d’Arusha. On estime qu’il a fait 800 000 morts. Pourtant, de graves conflits ethniques entre Hutus et Tutsis ont également eu lieu au débuts des années 1990 dans le Burundi voisin. Mais, avec un nombre de morts bien inférieur, estimé à – tout de même – 50 000 personnes, il a moins été médiatisé.
C’est ce contexte que nous raconte Gaël Faye, vu à hauteur d’enfant puisqu’il met en avant un pré-ado qui vit dans un quartier tranquille d’expatriés, à Bujumbura. Les similitudes sont, bien sûr, nombreuses entre ce qu’a vécu l’artiste, à l’époque, et le drame du héros de l’album.
On le voit dans son quotidien encore emplit d’insouciance, tandis que les tensions montent dans le pays et que la violence s’accroit progressivement.
Gaby assiste à certaines scènes très brutales. Mais le pire reste à venir. Il ne va pas le voir de ses yeux, mais il va l’entendre de la bouche de sa mère qui, inquiète pour sa famille, va se rendre à Kigali début juillet. Sa descriptions du génocide se concentre sur seulement deux pages, mais elle vous marque. On s’interroge toujours sur le sens de cette folie meurtrière et sur la capacité de l’homme à commettre de telles atrocités.
Si le propos reste très fort, le livre ne montre donc pas autant de scènes insoutenables que d’autres livres dédiés à ces génocides. Il est, en tout cas, un témoignage précieux, humain, plein d’émotion, sur l’absurdité de ces guerres et la folie humaine.
Le récit est bien équilibré et vraiment prenant. L’essentiel s’y trouve, nous faisant vivre au plus près les rêves, les espoirs, les peurs et les angoisses des protagonistes. L’ensemble est joliment mis en image par Sylvain Savoia, qui donne toujours beaucoup d’intensité dans l’expression de ses personnages, tout en livrant des décors assez réalistes et un esprit d’ensemble très graphique. Une adaptation du roman très réussie.
Par Legoffe, le 26 avril 2024
Publicité