Petite forêt - Intégrale

Si on observe un peu le travail de Daisuke Igarashi, on se rend compte qu’il développe des récits qui exaltent le lien de ses personnages avec la nature, comme avec les Enfants de la mer, Witches… A travers son regard, sa façon de caractériser soigneusement ses personnages, leur donnant le temps de s’épanouir en dehors des archétypes, il nous offre une vision très personnelle du monde qui nous entoure, transformant la lecture en une expérience quasi initiatique, presque spirituelle.
Avec Petite forêt, il amène assez finement l’idée d’une certaine communion entre l’héroïne et son environnement naturel qu’elle ne tente jamais de dompter, mais plutôt avec lequel elle prend soin de cohabiter, découvrant ses mille et un trésors, un art de vivre en toute sérénité, le tout accompagné de quelques bons conseils culinaires, de notes d’observation sur la faune, sur la végétation et les différentes plantes qui peuvent être comestibles.

Bien malgré elle, Ichiko est partie vivre en ville avec son petit copain du moment. Toutefois, la jeune femme sent qu’il est temps pour elle de renouer avec ses racines en réinvestissant une maison perdue au milieu des bois. Elle se souvient alors des gestes qu’elle a appris de sa mère, ses mots, ses petites affabulations qui lui ont construit un regard décalé sur ce qui l’entoure, sur les détails, l’attention toute particulière dans la préparation des ingrédients, les petites idées pour préparer des marrons, du riz, du poisson, ou simplement une bonne confiture…
Au rythme d’une recette par chapitre, nous découvrons une vision apaisante et posée du quotidien d’Ichiko qui nous parle de ses rencontres, de ceux qui vivent non loin de chez elle, avec qui elle travaille, qui lui parlent d’un monde de l’immédiat, de la terre, loin de la technologie… Elle nous transmet cet amour des plats simples et alléchants, qu’on croirait presque avoir sous les yeux, avec ce parfum enivrant. Elle décrit ses recettes, nous confie un ou deux petits secrets qui rendent ces plats presque magiques.
Le tout accompagné par un magnifique dessin en parfaite harmonie avec le ton de ces confidences, presque un chuchotement que l’on écoute sur le perron, le nez dans les nuages, en écoutant les oiseaux chanter dans l’arbre là-bas.

Daisuke Igarashi nous délivre un beau message universel, entre contemplation et petite pause dégustation. Un volume qui se savoure doucement.

Vivement recommandé.

Par FredGri, le 13 juin 2024