PETITS SOLDATS (LES)
Le pigeon voyageur

En la taverne du Pigeon Voyageur, Frantz, jeune poète sans le sou, joue du verbe et de la rime pour plaire à sa muse, la belle serveuse Héloïse. Malheureusement, il y a Friedrich qui lui aussi cherche à s’emparer du cœur de la mignonne. Qui des deux a sa préférence ? Les deux prétendants auraient pu connaître la réponse si la sinistre brigade de conscription ne l’avait pas interrompu dans son aveu. Car dehors, la guerre vient d’être déclarée par le jeune empereur Sigismond nouvellement nommé à la tête de la Czisletovie et tous les hommes valides sont réquisitionnés d’office. Aussi, refusant cet enrôlement forcé, Frantz a décidé de fuir. Mais il est rattrapé par l’énigmatique Miklos Sandor, envoyé de l’empereur, qui lui propose une mission impériale, celle de délivrer un message au roi de Dalmaszie.

Par phibes, le 1 juillet 2011

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Notre avis sur PETITS SOLDATS (LES) #1 – Le pigeon voyageur

Première partie d’un diptyque annoncé, Le pigeon voyageur nous entraîne dans une histoire anticonformiste, installée dans des ambiances historiques à la prussienne grevées par un conflit naissant entre deux nations fictives, la Czisletovie et la Dalmaszie.

A partir d’un découpage sociétal assuré et décalé (bourgeois enfarinés et manipulateurs d’un côté, roturiers malmenés de l’autre et entre les deux, une faune bizarroïde), Jean-Paul Krassinsky mène sa barque dans une volonté caricaturale évidente. Incisif quand il le faut (cf. Les fables de a poubelle), suffisamment imaginatif, inéluctablement paroxysmique, ce dernier rentre dans une évocation guerrière qui sent la grosse manipulation à plein nez et dont son héros, le poète antimilitariste Frantz, va faire, en premier lieu, les frais.

Aussi, au gré d’un certain châpitrage qui cadenasse la structure de l’histoire, on se laisse guider par les frasques de Frantz, amoureuses et fugueuses, par sa mission mystérieuse à laquelle il nous invite partagée avec un compagnon de route surprenant. On se laisse surprendre par les intrigues malhonnêtes de la gente bourgeoise hautaine et bâfrante, par l’autorité incroyable d’un empereur pubère et immature, par la montée en puissance d’une guerre que l’on sent inutile.

Dans ce premier tome, Jean-Paul Krassinsky nous interpelle de par la tonalité de son récit plutôt décalée et par ce biais, rend son univers d’une autre réalité à la fois un brin poétique et un tant soit peu loufoque, parsemé de fragilité humaine et de dureté d’intention, d’amourette inassouvie et de totale immaturité.

Le graphisme de Julien Delval vient conforter cette impression. Force est de constater qu’il arrive à dépeindre cet univers atypique semi réaliste au gré d’une représentation des plus riches. Usant d’une colorisation directe plutôt vive, il anime des personnages assez cocasses, proches de la caricature pour certains (tel les représentants enfarinés de la bourgeoisie), du cauchemar pour d’autres (les "conscripteurs") dans des décors superbement détaillés (les paysages urbains ou campagnards sont d’une grande beauté).

Une ouverture plaisante sur une équipée aux accents historiques pleine de fantaisie à découvrir.

 

Par Phibes, le 8 juillet 2011

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