LES PIEDS NICKELES
Le candidat providentiel

Ayant dépassé leur siècle d’existence, les Pieds Nickelés ne sont pas pour autant prêt à jouir d’une retraite paisible bien méritée. Grâce aux éditions Vents d’Ouest et aux Publications Georges Ventillard, Croquignol, Filochard et Ribouldingue sont à nouveau mis sur les rangs d’aventures contemporaines, portées par l’un de leurs plus fervents défenseurs, Philippe Riche. Après un premier épisode qui lançait le trio en Promoteurs de paradis, ce dernier le met savoureusement dans les ambiances de la course à la Présidence Française.

S’appuyant sur une thématique qui se trouve pile poil dans l’air du temps, ces nouvelles aventures rentrent dans une logique scénaristique énergique qui vaut pour son pesant de démesure et de rocambolesque. Philippe Riche démène caustiquement ses personnages dans des arnaques on ne peut plus jubilatoires, campant le monde qui entoure les sympathiques malfaisants dans un étau de naïveté extraordinaire (pensez donc, promouvoir un animal comme candidat, il fallait le faire !).

Les propos sont cinglants, sans concession, parfois même crûs, cohérents avec un certain parler moderne. L’équipée foisonne de clins d’œil, tourne de façon très rapprochée autour de personnalités politiques que l’on reconnaît facilement, non épargnées par des Pieds Nickelés en verve, qui cherchent à tout prix à tirer leur épingle d’un jeu absolument tordu mais efficace. A ce titre, on pourra se délecter de la façon dont les trois larrons mettent en place leur stratagème pour installer un candidat hors norme, défendant un programme, lui aussi, simple et hors norme. Heureusement que la morale a son mot à dire.

Le graphisme est encore plus délié que précédemment. Philippe Riche s’en donne à cœur joie pour animer ses personnages dans un sens du découpage de planches très actuel et dans des effets picturaux hauts en couleurs surprenants. Son coup de crayon est direct, incisif et un tant soit peu caricatural. Les trois malfrats, malgré un petit relookage propre à l’artiste, conserve habilement leurs particularités physiques reconnaissables.

Un nouvel épisode nickeléen tel qu’on les aime, incisif, distrayant, totalement loufoque et qui puise sa sève nourricière dans un sujet d’actualité, celui des élections présidentielles.

Par Phibes, le 27 février 2012