Piero Manzoni

Piero Manzoni est né le 13 juillet 1933, il est mort à Milan le 6 février 1963. Il figure parmi les pionniers de l’art conceptuel en Italie, avec des œuvres qui remettent en cause le statut d’objet en tant qu’œuvre singulière. Paolo Bacilieri se penche donc sur le parcours de l’homme depuis son adolescence jusqu’à sa mort, mettant en scène les différentes étapes de sa vie, comme ses premiers dessins, ses années en tant qu’étudiant, ses rencontres et sa carrière d’artiste, ses remises en question et ses principales idées…

Par fredgri, le 16 décembre 2024

Publicité

Notre avis sur Piero Manzoni

Sur le principe, cet album est ce que l’on pourrait appeler une biographie, ou peut-être même une docu-fiction. Cependant, Bacilieri extrapole très vite l’exercice pour y glisser un aspect plus expérimental, ne serait-ce que dans la façon de mettre en scène son récit et la vie de Manzoni.

Ainsi, il décide de ne pas tout raconter, il limite son projet à quelques grandes étapes significatives qui vont lui permettre de mettre en avant l’évolution intellectuelle de l’artiste, tout en travaillant la matière même de sa narration.
On se rend compte dès les premières pages de la particularité de cette proposition, avec une sorte de long travelling à travers les rues de Milan, en 1963, accompagné simplement par un chant en italien, sur 21 pages. A la 22e, nous entrons dans l’appartement du peintre, nous découvrons une femme assise qui chantonne, à côté du corps de Manzoni… Bacilieri va alors orchestrer son récit, en cadrant très précisément chaque case, chaque page, en jouant habilement sur les emplacements des bulles, des pavés de textes, glissant ça et là des descriptions, des conversations, des digressions… Il s’amuse avec le fond et la forme, nous plongeant dans une expérience de lecture audacieuse, pleine d’idées vraiment intéressantes, comme les 16 pages de dialogues dans un bar, uniquement constituées de plans moyens, ou encore les 20 pages qui mettent en parallèle l’artiste en pleine création et des textes qui contextualisent la période concernée.

Il ne s’agit donc pas seulement d’une biographie qui n’est finalement pas vraiment exhaustive, mais plutôt d’une réflexion sur le langage narratif et ses multiples possibilités, ce qui rend la démarche très cohérente par rapport au sujet traité, finalement. Fort de s’intéresser à un artiste conceptuel qui a sans cesse voulu remettre en cause le concept même de l’Art, Bacilieri s’interroge aussi sur le cadre même de son album, de son langage.

Peut-être trop austère parfois, trop poussé, ce Paolo Manzoni reste surtout une excellente surprise.
A lire sans plus attendre.

Par FredGri, le 16 décembre 2024

Publicité