Pigalle, 1950
Originaire de l’Aubrac et dans la force de l’âge, après avoir emprunté le funiculaire, Antoine est revenu sur des lieux qu’il connaît bien, au cœur de Paris sur la butte Montmartre. Là, il se remémore le moment où, lors de ses dix-huit ans, il décide de quitter définitivement son Auvergne natale pour rejoindre la capitale. La découverte est totale. Tout en parcourant l’immensité de la ville conjuguée à une population surprenante et à une luminosité ambiante démesurée, il finit par atteindre sa destination, la rue Lepic, où se trouve le bar d’Alric, un cousin bougnat. Celui-ci le met rapidement au travail et à ce titre, l’envoie dès le lendemain matin faire des livraisons de charbon. Le premier client, l’un des plus importants, est l’établissement la Lune Bleue, un cabaret très en vogue à Pigalle. Antoine fait la connaissance du cerbère des lieux, Poing barre, qui lui indique ce qu’il a à faire exactement. Il reste ébahi par ce qu’il découvre. Au fil des livraisons, le jeune homme prend un peu plus d’assurance et se fond peu à peu dans ce monde de la nuit. Il finit même par faire des extras et flirte gentiment avec Mireille. Jusqu’au jour où on lui propose un travail qui va faire basculer son existence.
Par phibes, le 26 avril 2022
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Collection s :
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Sortie :
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ISBN :
9791034737697
Notre avis sur Pigalle, 1950
Pierre Christin, scénariste à la notoriété indiscutable, à l’origine de la grande saga Valérian, de Rumeurs sur le Rouergue, Agence Hardy, Les Phalanges de l’Ordre noir, Partie de chasse… continue inlassablement à raconter des histoires, de belles histoires. Tout en s’associant avec Jean-Michel Arroyo, illustrateur de talent, l’artiste nous invite à le suivre dans une évocation particulière, celle du Paris des années 50 et plus particulièrement de l’un de ses célèbres quartiers, Pigalle.
Pour cette évocation, il se sert de la destinée d’un provincial, Antoine, qui a pris pour parti de changer de « crèmerie » en montant à la Capitale et de poser ses valises au sein d’un quartier certes historique, populeux, festif mais aussi dangereux. C’est donc par ses jeunes yeux tout neufs et également par sa dramatique destinée que nous sommes appelés à en faire le tour, un tour qui évidemment reflète abondamment la typicité de ce lieu haut en couleurs, au mode opératoire qui lui est propre et différent quelque peu de ce que l’on connaît.
Sous le couvert d’un appel aux souvenirs, Pierre Christin nous livre un récit contemplatif de cette époque et didactique, qui a l’avantage bien sûr de bien nous imprégner de l’ambiance qui régnait en ce temps à Pigalle. Comme il se doit, l’évocation qui en ressort reste volontairement des plus classiques, presque cinématographique, rien que pour camper les évènements auxquels Antoine va être associé. On y perçoit un brin de nostalgie entretenue par une abondante narration intime portée par le personnage principal.
Question personnage, le scénariste joue la carte de la simplicité, de la naïveté pour bien nous confondre dans son voyage initiatique. Sans réelle ambition, Antoine déambule dans un quotidien qui suscite chez lui une admiration qu’il parvient à nous faire ressentir et aussi une certaine désillusion quand sa destinée commence à lui échapper. Le témoignage reste de fait fort et bien accrocheur.
Après avoir animer Buck Danny, Jean-Michel Arroyo fait une sorte de volte-face pour nous inviter à pénétrer dans son nouvel univers graphique. En effet, exit l’animation contrainte d’un personnage célèbre, l’artiste se lâche sur ses pinceaux et croque à tout va du Paris d’il y a plus de soixante-dix ans. Le travail est impressionnant, époustouflant quant à la recherche documentaire que le dessinateur a dû faire pour arriver à ses fins. Telles des cartes postales, ces dessins, de la simple case à la double planche, rappellent avec une réelle précision les années 50, appuyées en cela par un lavis sépia qui campe habilement l’époque et qui force l’admiration. Côté personnages, le rendu reste des plus aboutis. La gente féminine resplendit grâce à ses atours bien mis en avant et pour le reste, le jeu des expressions est remarquablement maîtrisé.
Une histoire complète superbe et riche qui nous permet avec une qualité indiscutable de faire une plongée dans le Paris des années 50 des plus marquantes. Bravo messieurs !
Par Phibes, le 26 avril 2022
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