PINOCCHIO
Comme une feuille au vent
Geppeto, un vieux menuisier un peu alcoolique, part se promener en forêt. Soudain, il entend une voix… qui semble venir d’une bûche.
Intrigué mais ravi de cette découverte, il la ramène chez lui, et pense même pouvoir boire un petit coup gratuitement avec un tel tour magique ! Mais arrivé à la taverne, point de bûche qui parle : muette comme une carpe.
Fichu dehors en moins de temps qu’il en faut pour le dire, Geppeto décide de faire de cette bûche un petit garçon de bois…
Par PATATRAK, le 1 janvier 2001
-
Scénariste :
-
dessinateur :
-
Coloriste :
-
Éditeur :
-
Sortie :
-
ISBN :
2940334242
Publicité
Notre avis sur PINOCCHIO #1 – Comme une feuille au vent
Voilà une vision très personnelle du conte de Pinocchio, assez noire et en même temps très poétique. J’avoue ne pas avoir tout de suite accroché.
En feuilletant ce premier tome, j’ai dabord été un peu déçu par les dessins. Dans d’autres productions Paquet, j’avais vraiment eu le coup de foudre, par exemple pour O’Malley ou le Chasseur d’Eclairs. Là, ça m’a pris un peu de temps, le temps de se fondre dans l’histoire en fait.
C’est là le deuxième reproche, qui m’a indisposé au début : tout le prologue est un peu rapide. Certes, vous me direz qu’un prologue ne doit pas s’éterniser, mais la bonne longueur, c’est quand on prend le temps pour exposer son sujet, ses personnages, la situation.
Or, là, je trouve que c’est un peu rapide. Il arrive beaucoup de choses en peu de pages, on a l’impression d’un manque de liant entre les scènes. Parfois, je me suis dit : « Oulà ! mais pourquoi il fait ça… » Peut-être qu’une deuxième lecture s’impose alors pour bien comprendre ce que Corinne Denoyelle veut exposer : urgence des sentiments, sentiment de déracinement (c’est le cas de le dire!)… ce qui explique sans doute les bêtises de Pinocchio, son insouciance, son détachement vis-à-vis de Gepetto.
Après ce passage auquel, personnellement, je n’ai pas bien accroché, tout s’enchaîne mieux. Beaucoup mieux.
Les aventures de Pinocchio nous offrent une très jolie vision poétique du conte, mais teintée de noirceur aussi : confronté au Monde, le petit pantin se rend compte qu’il n’est pas doux et chaud comme la maison de Gepetto. Corinne Denoyelle a une vision beaucoup plus noire du conte. La rencontre avec le renard et le chat en est un parfait exemple : ce sont plus que des filous ! Ce qu’ils font, leur allure même les rend détestables dès le premier coup d’oeil. Le chat surtout : on dirait un gros mafieux débordant de graisse malsaine, repus de son arrogance, bouffi de perversité.
Les dessins d’Arnaud Boutle renforcent cette impression, encore accentuée par les couleurs froides tout au long du récit. Son trait donne beaucoup de fragilité à Pinocchio, exprime aussi très bien les sentiments des personnages, la méchanceté des gens particulièrement.
On adhère d’autant plus à la misère de Pinocchio par la vision qu’il a des gens : le géant n’en est pas un, mais il l’effraie tellement que Pinocchio le voit ainsi (c’est comme ça que je l’ai compris du moins… à moins que…). Comme un petit enfant déforme ce qui le terrifie.
Le lecteur accompagne en fait Pinocchio dans un parcours initiatique, comme dans le conte que l’on connaît, mais en nettement moins naïf.
Car plus on avance dans l’histoire, plus on sent naître en nous un étrange sentiment de tristesse, de mélancolie, comme si nous étions nous-même un Pinocchio. Malaise des sentiments du petit pantin pour son père, détresse de la perte du foyer… A l’image du titre, Pinocchio, comme le lecteur, est ballotté un peu dans tous les sens : il n’est pas maître de son destin, il subit, il découvre…
Je crois que ce premier tome de Pinocchio est à lire en tant que tel, c’est à dire une mise en place : c’est à lui seul le prologue de la série, dont je vantais l’importance plus haut.
Il faut vraiment, je crois, faire l’effort de le lire ainsi. On fusionne pour ainsi dire avec Pinocchio et, à son image, on arrive à la fin, désemparé, désespéré, vidé, l’air un peu hagard : comment les choses en sont arrivées là ?
Corinne Denoyelle et Arnaud Boutle ont réussi, malgré mon début de critique un peu dur, une jolie BD profondément attachante, dont il me tarde de découvrir le tome 2!
Par PATATRAK, le 29 mars 2004
Publicité