Plagiat

Initialement paru en 1989, Plagiat nous montrait la chute d’un artiste après qu’il se soit fait honteusement plagier. Très vite, la pertinence de son œuvre est mise en cause, de même que sa légitimité, l’obligeant progressivement à s’éloigner de la scène artistique, tandis que son plagiaire accédait, de son côté, à la gloire. Avec cette nouvelle édition, les Editions Anspach proposent une revisite complète de l’album, redessiné, remis en couleur et rellettré complètement par Goffin qui a, de plus, retravaillé complètement d’autres aspects comme le design de telle couverture, la mise en scène de véritables tableaux… Devant nous se dévoile alors une version moderne, qui reflète à la fois l’évolution de l’artiste depuis 89, mais aussi, une volonté de pousser toujours plus loin l’exigence d’un travail bien fait !

Une démarche de dépoussiérage qui résonne savoureusement avec le propos de l’album, quand bien même il ne s’agit pas là de plagier la première version, mais d’en parfaire l’exécution. Toutefois, la perception d’une œuvre par l’artiste, les limites de son expression et sa légitimité sont au cœur d’une intrigue qui nous questionne sur la place d’un artiste vis à vis de son art, de l’image de soi qui s’en dégage. Ce geste qui est dévoyé par le plagiaire, vidé de son sens profond, entraîne progressivement Chris Van Meer dans une dégringolade qui ne verra une issue que dans la réappropriation…

Il y aurait beaucoup à dire sur le fond, cependant, il ne faut pas oublier qu’avant tout, cette histoire est captivante d’un bout à l’autre. Les péripéties de Chris, ses coups de colère contre l’absurdité d’un système qui ne le voit progressivement plus sont extrêmement bien rendus. Peut-être qu’en contre partie l’écriture a aussi tendance à s’intellectualiser, à perdre de sa fibre émotionnelle, renforcé par un graphisme en ligne claire très propre, mais assez froid dans son exécution.

Une vraie curiosité qui interpelle par sa pertinence toute en modernité !

Très conseillé.

Par FredGri, le 30 avril 2023