PLEINE LUNE
Je ne veux pas te faire de mal

Alors qu’elle vient juste de boucler le dernier tome de sa série fantastique Havre, la scénariste Isabelle Bauthian revient dans les bacs porteuse d’une nouvelle trilogie, elle aussi fantastique, dont le premier opus sort en ce mois d’octobre.

Sans aucune autre forme de procès, Isabelle Bauthian frappe fort dès la première planche de façon à camper immédiatement l’orientation et l’ambiance de sa nouvelle équipée. Aussi, compte tenu de la teneur hautement "lycanthropique", aucun doute n’est possible sur ce que renferment les pages suivantes de cet album dont le titre est devenu, de fait, des plus évocateurs. Aussi, devant cette mise en bouche particulièrement hors norme qui génère quelques interrogations quant à la motivation d’une telle rencontre, la curiosité du lecteur a toutes les chances d’être piquée au vif surtout si ce dernier se complait dans des ambiances scolaires animées que l’on peut retrouver dans des séries télévisées telles Le loup-garou du campus…

Ce premier épisode, s’il ne fait pas forcément appel à une thématique fantastique inédite, a toutefois beaucoup de charme et se laisse parcourir avec ravissement et surprise de par son déroulement qui va crescendo. Les péripéties s’enchaînent généreusement, dans un rythme impulsé par un groupe d’adolescents aux relations pleines de saveurs, auréolées d’un sentimentalisme gentillet et d’une intrigue qui enflera subtilement de l’absorption d’un breuvage énigmatique aux effets étrangement sélectifs jusqu’à l’apparition de personnages adultes au dessein particulier.

Pour son deuxième ouvrage grand public après Loumyx, Luca Saponti confirme son talent de dessinateur. Si son trait se veut d’inspiration manga, il n’en demeure pas moins qu’il a tout pour plaire dans son rendu aux consonances européennes. On perçoit évidemment de la fraîcheur dans l’étude de ses personnages pour le moins adorables mais également une grande rigueur dans le travail des décors, réalisés au gré de perspectives concluantes. On pourra saluer également son jeu des couleurs, adroit et lumineux, qui donne ra assurément beaucoup de relief à ses dessins.

Voilà un premier opus très agréable à ne pas hésiter à se mettre sous les crocs et à lire, pour compléter le tableau, le soir de pleine lune.

Par Phibes, le 15 octobre 2012