Plogoff

 
Même le maire de la commune l’avait appris indirectement. C’est ce qui a mis en alerte les habitants de Plogoff, en Bretagne : ils se sont alors regroupés pour se renseigner sur le nucléaire, des intervenants venant leur expliquer comment ça marche, quelles peuvent en être les conséquences… Et ça a donc vite été très clair pour tout le monde : EDF voulait construire une centrale nucléaire chez eux, mais il n’en était absolument pas question ! Face aux intimidations et aux menaces, alors qu’ils ne pesaient rien face aux décideurs, aux industriels et aux politiques, les habitants de Plogoff se sont unis et n’ont jamais perdu espoir, mettant en œuvre tout ce qui était en leur pouvoir pour faire capoter le monstrueux projet qu’on voulait leur imposer…
 

Par sylvestre, le 22 mars 2013

Notre avis sur Plogoff

 
L’union fait la force… Le pot de terre contre le pot de fer… David contre Goliath… Ces images viennent à l’esprit quand on évoque les événements qui ont marqué Plogoff dans les années 70 et 80, alors que dans une France qui voulait passer au tout nucléaire, cette petite commune bretonne avait été choisie pour qu’y soit implantée une centrale nucléaire. Mais c’était compter sans ses habitants ! Eux qui auraient pu n’être qu’une population fataliste ont au contraire eu les bons réflexes : ils se sont informés, d’abord, pour savoir exactement de quoi il s’agissait et ainsi ne pas devoir ensuite avaler des couleuvres. Puis ils ont agi, avec les moyens du bord mais avec succès, pour faire plier des adversaires de taille : EDF Nucléaire et l’État.

Leur victoire n’a pas empêché que d’autres centrales nucléaires soient construites ailleurs et en grand nombre. Mais eux, en tout cas, ont mené leur combat et ont eu gain de cause. Un combat qu’ils ne voulaient pas égoïste mais déclaraient sincèrement altruiste, ce qui leur a rapporté de nombreux soutiens. C’est une histoire vraie. L’histoire d’une lutte qui est devenue un symbole, l’histoire de la mobilisation générale d’une communauté pour qu’un objectif commun soit atteint ; en l’occurrence qu’un fléau menaçant tout le monde soit évité. Dans l’esprit, ça rappelle un peu le film L’Anglais qui gravit une colline et redescendit d’une montagne, toutes proportions gardées, sauf que dans le cas de Plogoff, il était moins question du simple orgueil d’un peuple que de la sécurité de tous…

Le "non" de Plogoff a fait l’objet de plusieurs livres. Aujourd’hui, c’est en bande dessinée, en noir et blanc, que se décline le récit de cette résistance populaire. Au fil d’un scénario tenant plutôt du journal puisque c’est chronologiquement et assez simplement que nous est racontée l’histoire (sans longueurs techniques ou politiques : on reste au niveau des petites gens), on devient l’un de ces manifestants de Plogoff, un peu plus concerné page après page et désireux que la bataille soit remportée. On en apprend en outre au sujet des méthodes qui furent employées par les deux camps adverses, et à la lumière des événements de Tchernobyl et de Fukushima, on se dit que même si avoir gagné à Plogoff n’a pas empêché la France de se doter depuis de très nombreux réacteurs nucléaires, les habitants de Plogoff, eux, peuvent être fiers d’avoir montré au monde qu’ils avaient agi intelligemment, en connaissance de cause, et qu’en plus leur position s’était montrée force de proposition pour une réflexion sur des solutions alternatives.

Une belle leçon d’unité et de concitoyenneté.

Par Delphine Le Lay (scénario) et Alexis Horellou (dessin), par ailleurs déjà auteurs ensemble de : Le souffle court.
 

Par Sylvestre, le 22 mars 2013

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