POGO, THE COMPLETE SYNDICATED COMIC STRIP
Through the wild blue wonder
Pogo est un jeune opossum qui vit dans des marais avec ses amis, Albert l’alligator, Churchy la Femme la tortue, Porky le porc-épic etc. Pogo vit simplement, en péchant, en passant du temps avec ses amis, en observant la vie… Mais dans cet univers teinté de non-sens Pogo fait aussi figure de repère autour duquel s’organise les histoires, les gags.
Ce premier volume reprend donc le strip de Pogo (Dailys (Strips de la semaine) et Sundays (Strips du Dimanche)) depuis ses débuts en Mai 1949, sous l’égide du Post-Hall Syndicate, et ce jusqu’au 31 Décembre 1950 (sont inclus aussi les premiers strips parus d’Octobre 48 à Janvier 49 dans le New York Star), plus une longue introduction retraçant le parcours de Walt Kelly, le créateur, des notes additionnelles pour expliquer quelques anecdotes politiques et des articles d’introduction pour les Dailys, les Sundays et les strips du New York Star…
Par fredgri, le 3 décembre 2011
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9781560978695
Notre avis sur POGO, THE COMPLETE SYNDICATED COMIC STRIP #1 – Through the wild blue wonder
Walt Kelly créé Pogo en Janvier 42 à l’occasion du premier numéro de "Animal Comics" chez Dell Comics. Ce petit personnage n’est au début que l’un des faire-valoirs de l’alligator Albert. Mais, très vite, le personnage gagne en popularité, la "série" devenant rapidement "Albert et Pogo".
En Decembre 47, après 30 numéros de Animal Comics, le personnage se voit attribuer son propre titre, toujours publié par Dell, "Pogo Possum", qui durera 16 numéros entre Octobre 49 et Avril 54. Il s’agissait là d’histoires indépendantes des strips qui seront eux développés à partir de 48, néanmoins ils montrent tout le potentiel derrière cet univers et l’incroyable qualité de raconteur de Walt Kelly.
Kelly est issu des studios Disney (Blanche Neige, Dumbo, Fantasia, Pinocchio, Mickey…) qu’il quitte en 41, il se consacre alors à la BD, et principalement pour Dell. Il va alors s’occuper de la série "Our Gang" puis des petites histoires par-ci par-là, adaptant à l’occasion des histoires de Disney en comics.
Mais c’est véritablement avec Pogo qu’il va se faire un nom, devenant ainsi l’un des plus grands artistes animalier de l’époque grace à son trait très souple et son travail sur les expressions. Quand Animal Comics parait, on créé le terme de "Funny Animals" (Dell est en partenariat avec Disney, entre autre, et donc sert de plateforme BD pour la publications des histoires de Mickey, de Donald etc. La mode est lancée et les "Funny Animals" ont la côte auprès des jeunes lecteurs), le genre va faire ensuite de nombreux émules.
Walt Kelly se taille alors une très sérieuse réputation au milieu de tout ça, les aventures de Pogo sont tout de suite remarquées et ont déjà de très nombreux fans.
Assez peu connu en France, ce fantastique artiste a malgré tout marqué le médium, il faisait même partie des cinq ou six auteurs qui ont eu le plus d’influence dans le monde de la BD américaine.
Mais qu’est ce qui rends Pogo si exceptionnel ?
Il faudrait un dossier complet pour vraiment rentrer dans les détails, tant le strip va s’avérer riche, au fur et à mesure, en terme de profondeur, dépassant le simple cadre d’histoire pour les gamins, pour proposer souvent un regard assez ironique sur l’actualité politique et social de son époque. Mais ce qui reste remarquable, c’est que cela ne gène en rien une lecture plus premier degré (j’ai même lu certains strips à ma fille de 5 ans et elle a beaucoup ri !!!). Car la grande richesse de cet univers c’est qu’il offre une palette incroyable de thèmes et que le microcosme qui se débat dans ces histoires nous renvoie directement à certaines situations réelles, des comportements que l’on connait bien, avec un regard sur l’absurdité qui nous enveloppe souvent.
Toutefois, Walt Kelly ne nous propose pas forcément une lecture toujours très facile, les personnages parlent dans un jargons mêlant mots déformés, expressions, argot et de nombreux jeux de mots, le tout baignant dans un non-sens assez jubilatoire. Donc, en effet, il faut s’immerger et parfois même lire les textes à voix haute pour en saisir toute la finesse. De plus, c’est incroyablement riche en idée avec des moments vraiment hilarants.
Les strips parus dans le New York Stars sont, étrangement, rassemblés en fin de volume. On se rend compte tout de suite que Kelly les a pratiquement tous repris tels quels dans les strips qui débutent en 49.
Cette édition garde la même démarche que les collections Mickey, Prince Valiant, Krazy Kat de Fantagraphics, c’est à dire une très grande exhaustivité (Fantagraphics attend la fin de la collection traitant les strips pour envisager ou non une reprise des histoires de Pogo sorties en comics chez Dell), un gros travail de rédactionnel afin d’appréhender ces planches dans leur contexte, dans leur époque et dans l’oeuvre de l’artiste en particulier, c’est extrêmement riche et passionnant. Sans compter sur le soin très particulier qui est donné à la restauration des originaux, le respect des couleurs originales, de la chronologie etc.
Douze volumes sont prévues, l’occasion nous est ainsi donnée de redécouvrir ce monument de la BD trop injustement ignoré du grand public pendant si longtemps (Aux Etats Unis, il y a eu toutefois pas mal de rééditions au fil des années, par le biais de petits volumes anthologiques qui reprenaient surtout les planches des comics, en fait. En France, il y a eu dans les années 60 un essai de traduction par Yvan Delporte, mais cela n’a pas été bien plus loin. On regrette que cette traduction n’ai pas été davantage rééditées tant les traductions de Delporte qui réadaptait certains jeux de mot à sa sauce devaient être truculentes !). Fantagraphics continue donc d’ouvrir l’histoire de la BD à ses lecteurs au travers de projets éditoriaux réellement fascinants.
Ce premier volume se sera quand même fait très attendre. Annoncé dès 2007, il aura fallu attendre ce mois de Novembre 2011 pour enfin le voir arriver, mais quel résultat aussi. Un superbe objet en soi, une très belle édition qui montre une nouvelle fois que Fantagraphics reste l’un des éditeurs "patrimoine" les plus importants du marché actuel !
Si vous aimez les funny animals, si vous aimez la BD intelligente et que pour vous la "BD Jeunesse" ça n’est pas juste des histoires nian nian alors jetez vous sur cet indispensable premier volume… Et attendons ensemble, avec impatience la suite !
Par FredGri, le 3 décembre 2011
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