POISON CITY
Volume 2

C’est une oeuvre particulièrement engagée que signe Tetsuya Tsutsui. Victime lui même de censure dans le département de Nagasaki concernant un de ces grands titres, Manhole, il a décidé de se lancer dans une procédure en justice. Le livre Poison City est, finalement, la part artistique de son combat contre l’arbitraire.

Et le manga s’avère efficace de ce point de vue. Il dénonce les pouvoirs de quelques-uns pour juger de la nature des livres et quasiment de leur vie et de leur mort. Bien sûr, le récit pousse à l’extrême le propos, notamment dans la conclusion de la bande dessinée, qui fait froid dans le dos. Tsutsui grossit le trait, mais c’est pour mieux interpeller le lecteur sur les dérives du système.
Son scénario est bien ficelé et entretient les rebondissements autour du héros malgré lui, Mikio, avec un final assez inattendu.

Au delà du rôle obscur de ces commissions de censure, l’auteur dénonce aussi l’hypocrisie de la société qui préfère trouver des boucs émissaires, comme certains mangas, plutôt que de se remettre en question.

En fin de livre, un article raconte les déboires bien réels de l’auteur et son combat judiciaire. De quoi nous faire réfléchir et nous inciter à apprécier à sa juste valeur le travail créatif de Tetsuya Tsutsui qui, certes, a souvent intégré la violence à ses récits, mais jamais gratuitement. C’est vraiment un très bon auteur, dont les histoires sont complexes et les dessins toujours fins et très efficaces. Le meilleur moyen de le soutenir, c’est bien sûr d’acheter ses livres !

Par Legoffe, le 3 février 2016