PORNHOLLYWOOD
Engrenages

Reconnu pour ses nombreux travaux dans le monde du 7ème art en tant que réalisateur, acteur,… Noel Simsolo poursuit son incursion dans celui de la bande dessinée. Après Ne touchez à rien, Docteur Radar et sa biographie sur Napoléon dans la collection Ils ont fait l’Histoire, il revient sur les étalages pour nous proposer sous le couvert des éditions Glénat un récit pour le moins sulfureux qui devrait se décliner en deux tomes.

Cette fois-ci, l’artiste nous entraîne durant les années 30, au sein du fameux quartier de Los Angeles, Hollywood, où sont regroupés les plus grands studios de cinéma. Loin de donner un coup de projecteur sur cette grande industrie et saluer son côté fabuleux, il préfère se focaliser sur le côté sombre de celle-ci et évoquer les tournages secrets et les projections prohibées liés au cinéma pornographique.

Force est de constater que les pérégrinations contées, qui mettent en scène un réalisateur de génie malheureusement écarté par les magnats de la production (Jim Jewsky) et obligé, pour survivre, de tourner du porno, versent irrémédiablement dans le sinistre absolu. Par ce biais, Noel Simsolo nous fait basculer avec une certaine retenue tout de même (rien à voir avec une BD porno) dans une sphère où le sordide côtoie l’inhumanité, les malversations les plus malsaines, les compromissions les plus basses. Il n’en demeure pas moins que son récit reste pour le moins oppressant qui met en avant, hormis des protagonistes caractériellement forts, la spirale infernale voire mortelle dans laquelle s’est englué le personnage principal. Prostitution, drogue, mœurs indélicats, tout semble s’agréger sous le couvert d’une mainmise mafieuse particulièrement étouffante et radicale.

Dans cette ambiance dégradée qui se veut proche d’une vérité évidente et qui traduit une certaine crise dans le cinéma de l’époque (nous sommes à la fin des films muets), on ne manquera de percevoir au passage la partie historienne développée par le scénariste qui n’hésite pas, pour bien cadrer sa fiction, de faire intervenir des personnages marquants du 7ème art comme Erich von Stroheim, Marlène Dietrich, Josef von Sternberg ou de faire appel à quelques références.

La partie graphique exécutée par Dominique Hé se veut très appréciable. A la faveur d’un coup de crayon type ligne claire d’une finesse remarquable acquise au fil d’une carrière bien remplie (Sophaletta, Secrets bancaires USA, Le secret du Mohune…), ce dernier nous offre une mise en images bien réaliste et assez violente, parfaitement encrée et adaptée pour camper le climat de perversion qui se dégage de ces activités de l’ombre. Pour cela, il n’hésite pas à inclure, de par la thématique sulfureuse, quelques scènes chocs qui, bien sûr, font leur effet. Pareillement, il parvient également à faire transparaître la perfidie, la cruauté de certains de ses personnages via des effigies efficacement étudiées (Baldini, Boris…).

Une première partie pour le moins dramatique et sombre, qui égratigne l’image du cinéma hollywoodien des années 30 en présentant sa facette la plus malsaine. En raison de certaines scènes chocs, cette histoire est à réserver aux lecteurs avertis. A noter aussi que le second tome est prévu de sortir en mars prochain. Le rendez-vous est pris !

Par Phibes, le 8 janvier 2016