Portrait d'une femme moderne du Yémen

 
Sept années après la parution chez Delcourt également de la bande dessinée La voiture d’Intisar, le scénariste Pedro Riera prolonge le destin de son personnage de papier en confiant le graphisme de ce nouvel opus à un nouveau dessinateur : Sagar, qui succède à Nacho Casanova. Le thème est le même : le Yémen, et son ambassadrice la même : Intisar. Sauf qu’aujourd’hui, dans la vraie vie, le Yémen subit une guerre effroyable battant certains malheureux records. Et que Riera a donc choisi d’exiler Intisar en Jordanie ; pour la protéger (!), pour qu’elle puisse regarder son pays depuis l’extérieur, pour pouvoir donner la parole à la diaspora yéménite, aussi…

La donne a changé au Yémen, depuis 2012. Ce nouvel ouvrage est donc l’occasion aussi pour le scénariste de mettre les points sur quelques i (par exemple à propos du cas Tawakkul Karman) et de mettre à jour de nombreuses informations ou d’en compléter d’autres. Cette ambition documentaire n’empêche pas différents chapitres d’insuffler de la légèreté et de l’humour là où, sous un autre prisme, tout pourrait n’être qu’horreur et désespoir.

Le dessin et les couleurs de Sagar sont bien beaux. C’est donc un plaisir de retrouver Intisar le long des 200 planches qui composent cette BD. En outre, un cahier supplémentaire est à trouver cette fois encore en fin d’ouvrage : il donne des précisions sur des termes rencontrés lors de la lecture ainsi que des explications sur l’Histoire et la politique yéménites.

Très intéressante bande dessinée, Intisar en exil vient compléter le "reportage" sur le Yémen commencé par La voiture d’Intisar (Delcourt) et par L’épouse yéménite (Des ronds dans l’O). C’est une BD à découvrir absolument ; ne serait-ce que pour toucher du doigt qu’à quelques heures d’avion de chez nous, la guerre fait rage mais que ses bruits ne nous parviennent malheureusement que trop difficilement.
 

Par Sylvestre, le 24 mars 2019