Prince de Sassoun

L’empire d’Osmanie est en pleine effervescence. En effet, le vizir conducator Mehmet Pacha s’apprête à traverser les frontières de ce grand territopire pour fondre sur les pays riverains en vue de leur annexion. Considérant le péril que court le royaume voisin et pourtant allié du Sassoun, la sultane Nisrine envoie le prince David, demi-frère de Mehmet pour soutenir le peuple dont il est le représentant direct. Toutefois, cette manœuvre est loin de plaire au Vizir qui commandite l’assassinat du jeune monarque. Déclarant peu après ce dernier mort, Mehmet étend sa puissance dictatoriale au Sassoun au détriment de ses habitants. Mais le prince n’est pas mort et après avoir été récupéré par les siens, il prend en charge le recouvrement de son royaume. Une noble et guerrière reconquête se met en marche !

 

Par phibes, le 28 septembre 2011

Notre avis sur Prince de Sassoun

Sous la bannière éditoriale de 12Bis, Alban Guillemois et Yvon Bertorello se lancent dans l’évocation d’une épopée mythique liée à la culture populaire arménienne et à un personnage clé, le prince David de Sassoun. Assurément bien imprégnés de cette légende inspirée par l’occupation arabe de l’Arménie, les deux auteurs narrent avec une certaine aisance et à leur manière sans pour autant les démystifier les péripéties aventureuses, amoureuses et guerrières de celui qui fera la gloire du territoire du Sassoun.

Pour ce faire, les coscénaristes n’ont pas hésité à actualiser quelque peu leur récit en s’appuyant sur le conflit plus récent de la première guerre mondiale et plus particulièrement sur le génocide arménien. Dans une ambiance conflictuelle naissante arabo-russo-turque, ils mettent en place la destinée du héros en dressant une saga familiale bien pensée qui prend des airs de conte pour grands enfants.

La simplicité de l’évocation est entreprenante, caractérise sympathiquement le conflit qui oppose les deux demi-frères avec en toile de fond le devenir d’un peuple tout entier. L’héroïsme est mis à l’honneur dans cette épopée aux accents historiques pour le moins bidouillés pour se transformer en une représentation onirique, surmécanisée bien surprenante.

En tant qu’artiste polyvalent, Alban Guillemois nous interpelle dans la façon de croquer cette équipée héroïque. En effet, alors que son trait se veut des plus tortueux, déformé sciemment, il nous immerge dans des ambiances steampunk ahurissantes dont il a seul le secret. Appliquant un découpage recherché un tantinet anarchique, il met en mouvement des personnages étriqués dans des effets naïfs inhabituels, dans des perspectives osées. Son message graphique se veut pourtant des plus clairs et transporte le lecteur, une fois accoutumé, dans un univers à la fois imaginaire et fondé bien attrayant.

Un one-shot en rapport avec la tradition arménienne héroïquement et oniriquement probant.

 

Par Phibes, le 28 septembre 2011

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