Proies Faciles

Mars 2014, Madrid, la police est confrontée à ce qui pourrait s’apparenter à une suite de meurtre qui pourrait être l’œuvre d’un Serial Killer. En effet, des employés de banque sont empoisonnés individuellement, sans mobile apparent. L’inspectrice Tabares et son adjoint Sottilo remontent progressivement les différentes pistes qu’ils peuvent trouver deçi delà, difficilement et finissent par découvrir, peut-être, un point commun…

Par fredgri, le 23 janvier 2017

Notre avis sur Proies Faciles

On attendait impatiemment Miguelanxo Prado depuis son chef d’œuvre: Ardalen, paru il y a 4 ans déjà. Et l’artiste nous revient avec un album aux antipodes du précédent.
Il propose, avec "Proies faciles" un réquisitoire contre le cynisme des banques qui n’ont pas hésité, avec leur plan "Actions préférentielles" qui consistait à pousser les retraités à investir leur économies dans une succession d’actions toutes plus miteuses les unes que les autres, à complètement déposséder de leurs biens en les faisant signer des contrats très discutables des milliers de personnes !

On voit tout de suite que Miguelanxo Prado se sert de cette intrigue pour dénoncer des pratiques scandaleuses et mettre en avant la déshumanisation de ce système bancaire qui détruit des vies sans broncher. Je ne vais pas entrer dans un propos polémiste, néanmoins, je dois bien avouer que le sujet est sensible, surtout dans le paysage économique néo libéral actuel, complètement décomplexé, qui tend à réduire le contribuable à un vague mécanisme de paiement !
Toujours est-il que le réquisitoire de Prado est sans appel, voir même des plus désillusionnés !
En contre partie, il aère très agréablement son scénario en creusant la relation entre Olga et Carlos, par exemple. Il faut dire que le récit n’est pas extrêmement dynamique, c’est une enquête faite de questions posées à des suspects, d’enregistrements vidéos à regarder, de réunions avec les grands patrons, on n’est pas du tout dans le modèle américain qui accumule les courses poursuites, les bagarres et les coupables qu’il faut bloquer au sol, loin de là. Du coup, l’intrigue se déroule assez tranquillement, sans excès, davantage concentrée sur le déroulement de l’enquête, les indices, les suspects et le mobile. Il ne s’agit ici nullement d’aller parasiter le propos global par des effets de manche inutiles et systématiques ! De ce fait, Prado s’approche bien plus d’une conception latine, plus européenne du polar, plus "cérébrale" et moins ancrée dans l’action pure !
Ce qui rajoute une touche plus "auteur" à cet album qui n’est donc, contre toute attente, pas seulement un polar !

En parallèle, même s’il reste très graphique, Prado limite sa palette à un traitement en niveau de gris. C’est absolument magnifique, même si plus sobre que ce qu’il a pu proposer auparavant. Malgré tout, on se laisse convaincre par cette histoire, son ambiances générale, l’expressivité du dessin et la subtilité des regards, des caractérisations. Un pur bijou, d’un bout à l’autre !

Évidemment, "Proies Faciles" n’a pas l’audace d’Ardalen, ni même son ambition graphique, néanmoins il reste un très bel album qui interpelle très intelligemment et c’est déjà pas mal !

Par FredGri, le 23 janvier 2017

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