PROLONGATIONS
Dépendance

 
Stambou, joueur pro, ne tutoie plus vraiment la réussite, sur les terrains de foot. Garnier, lui, au contraire, a le vent en poupe et marquera même à plusieurs reprises des buts qui sauveront son équipe in extremis. Le sport est ainsi : les talents sur le déclin finissent par laisser la place à la relève. Mais le sport, et notamment le foot, c’est plus que ça encore : et hors les pelouses (mais toujours en rapport avec le ballon rond) de nombreuses histoires font ou défont la vie des familles des joueurs, celles des supporters, des arbitres, des journalistes… Certaines sont tristes, d’autres heureusement sont magiques.
 

Par sylvestre, le 4 février 2015

Notre avis sur PROLONGATIONS #2 – Dépendance

 
Fin de la mi-temps : voici le tome 2 de la bande dessinée de Robin Walter intitulée Prolongations. La première chose qui frappe ? C’est ce contraste qui existe entre les visuels des deux couvertures : le tome 1 nous montrait une tribune en proie à la liesse ; ce tome 2, au contraire, nous montre Ahmed tout seul, perdu au milieu des innombrables rangées de sièges d’un stade.

L’histoire, vous le savez, ne tourne pas qu’autour de ce seul Ahmed. Prolongations est en effet un récit choral où de nombreux personnages évoluent. On pourrait craindre qu’un tel casting, très ambitieux, pousse à un traitement trop superficiel de chaque personnage, mais non : sur deux fois 70 planches, Robin Walter a su présenter et suivre chacun de ses héros de manière satisfaisante et équilibrée.

Ses acteurs ne se croisent pas forcément tous les uns les autres, mais ils ont un dénominateur commun : le football, la passion du ballon rond. "Passion", c’était d’ailleurs le titre du premier tome. Ce tome 2 est intitulé "Dépendance" ; en écho à ce contraste qu’offrent les couvertures. Chaque médaille a son revers, et en effet, le ciel tombe sur la tête de plusieurs intervenants : Stambou qui se sent poussé vers la sortie mais qui veut s’accrocher, Ahmed qui met le feu à son couple… Garnier percé à jour par la presse, Lartonque qui reçoit des menaces de mort et qui terminera sa carrière humilié… Le football et la passion qu’il suscite poussent certains à l’excès ; parfois c’est du bonheur, parfois c’est la catastrophe. Et un ami d’Ahmed de résumer ainsi le foot : en comparant un match à la vie et aux émotions qu’elle réserve…

Car malgré tous les côtés négatifs du foot listés (concurrence, jalousies, coups bas, racisme dans les stades, etc, etc…), ou malgré le stress maintes fois mis en scène, l’auteur n’oublie pas de donner une belle place à des sentiments plus nobles et nous offre ainsi des scènes brillantes de pure émotion comme par exemple celle de ce contre-la-montre nocturne d’Ahmed rythmé par une voix off savamment calée… Ou des scènes pleines d’humanité et d’intelligence comme celles tournant autour du secret de Garnier…

Robin Walter peut être fier de ce diptyque. Ses talents de narrateur sont indéniables et son dessin (mis en couleurs par Céline Labriet) a gagné en qualité. Il nous aura tenus en haleine deux tomes durant en nous parlant du football comme personne ne l’a fait avant lui : d’une manière vraiment originale, qui convaincra jusqu’à ceux qui n’aiment pas plus que ça le ballon rond ! Pari gagné.

Enfin, et pour la petite histoire, les lecteurs les plus avertis auront remarqué que Robin Walter s’est amusé à glisser quelques clins d’œil çà et là. A son éditrice, par exemple (dans l’adresse de Lartonque), ou à un proche collaborateur de cette dernière, François Boudet, qui pour l’occasion est devenu footballeur le temps d’une vignette !

Bel esprit d’équipe, et excellente série. Chapeau, champion !
 

Par Sylvestre, le 4 février 2015

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