Qatar, le lustre et l'orient

 
Le Qatar rime (c’est selon) avec PSG, avec terrorisme, avec plages au soleil, avec pognon, avec Coupe du monde de la FIFA 2022, avec droits de l’Homme, avec Nicolas Sarkozy, avec pétrole, avec Al Jazeera… Le Qatar est un petit pays arabe relativement méconnu mais dont tout le monde a déjà entendu parler tant il a réussi à se faire incontournable sur la scène internationale, que ce soit au niveau diplomatique ou au niveau économique. Dans cette bande dessinée Qatar, le lustre et l’orient, l’histoire de cet émirat nous est contée. L’histoire d’un petit qui veut jouer et peser dans la cour des grands, misant ou pas, au gré des tendances, sur les bons chevaux…
 

Par sylvestre, le 24 novembre 2022

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Notre avis sur Qatar, le lustre et l’orient

 
Cette bande dessinée n’a pour fil conducteur que la chronologie de l’histoire du Qatar, étroitement liée à la lignée de ses dirigeants. Pas de scénario comme on en trouverait dans une fiction, ni de rythme calculé comme on en trouverait dans un film d’action. Pas d’exposé romancé, non plus : tout est très statique, très académique, très factuel. Voire figé. On parlera de succession d’informations et d’images plutôt que de transitions entre elles. Mais c’est normal : aller vers cette BD, c’est choisir d’aller vers un ouvrage documentaire. Illustré et rendu bien agréable à lire puisque "formaté bande dessinée", certes, mais documentaire avant tout. Historique. Encyclopédique. Sérieux.

Le Qatar est plus que jamais sur le devant de la scène ces jours-ci (à la date de cet avis, pendant le Mondial de foot qui se tient là-bas), c’était donc le moment opportun pour publier ce livre grâce auquel on apprend ou on révise plein de choses.

Mais notre curiosité grandira au fil des pages. Notre fibre touristique nous poussera à vouloir en savoir un peu plus, à vouloir découvrir aussi ce qu’il y aurait à trouver derrière cette "strate officielle" d’informations reçues. C’est alors qu’on regrettera de ne voir de l’émirat, dans cet ouvrage, que son côté un peu trop officiel : on n’y trouvera pas, par exemple, de portrait ou de témoignage de gens du peuple. Dommage. Mais… C’est comme ça aussi dans les livres scolaires ou les livres d’Histoire.

Ainsi, le Qatar nous est ici présenté un peu comme un palais où ne vivent que ceux qui y ont leurs entrées. Le peuple, invisible, lui, n’est qu’un fantôme. En outre, les Qataris ne représentent qu’un tout petit pourcentage de la population, cette dernière étant dopée aux "petites mains", aux immigrés… La "valeur humaine" paraît dès lors hiérarchisée et, forcément, notre regard se trouve attiré par ce qui est le plus fascinant et le plus exotique : la classe dirigeante, ses fastes et ses excès. Cette explication est presque corroborée par cette analyse relative aux musées qui ont été construits au Qatar, pages 44 et 45 : quelque part, toute cette débauche "m’as-tu-vu" est plus un égoïsme narcissique et mégalomane des dirigeants en direction d’une élite ou des Occidentaux que des initiatives prises pour le bien du peuple (qui, au demeurant, est bichonné lorsqu’il s’agit des "purs Qataris" puisque logement, éducation, énergie et santé sont gratuits pour eux ! On serait tenté de dire muselés plutôt que bichonnés…)

Le Qatar a une histoire aussi jeune que riche. C’est comme un enfant un poil capricieux qui a grandi trop vite. C’est devenu une belle vitrine ; un modèle, préféreront dire les Qataris. Un miracle en son genre, c’est indéniable. Mais tel qu’il nous est présenté, somme toute assez académiquement et superficiellement, il semble aussi être un pays à plusieurs vitesses. Pas forcément celui qu’on voudra aller visiter à tout prix.

Merci à ce livre de Victor Valentini, mis en images par Emmanuel Picq, de nous permettre d’un peu mieux connaître son histoire et de se rendre un peu mieux compte de la place qu’il a dans le concert des nations.
 

Par Sylvestre, le 24 novembre 2022

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