QUARTIER M
Fêlures

Maël et Mog sont deux adolescents issus d’une société grevée d’un mal sournois qui agit sur la mémoire.
Les immeubles disparaissent d’eux-mêmes comme oubliés, les gens sont atteints d’amnésie et réduits à la passivité ou à la violence.
Aussi, des jeunes gens s’organisent en bandes malfaisantes, les ranas, et profitent du système défaillant pour semer le désordre et commettre des actes fatals.
Maël et Mog ont compris que cette vie léthargique n’était pas pour eux et refusent donc cette fatalité qui les entoure. En cherchant à se rebeller chacun à sa façon contre cet état de fait, les premières fêlures vont apparaître.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur QUARTIER M #1 – Fêlures

En entamant la lecture de cet album, la disparition d’un immeuble ayant pour témoins uniques deux adolescents désoeuvrés m’a troublé. Je me posais la question sur la véritable nature de cette BD que je compulsais. Mais au fur et à mesure que j’égrainais les pages, un tout autre horizon se dessinait  face à mes yeux.

Apparaissait devant moi un monde courant à sa perte, en proie à une dégénérescence absurde de ses bases : la perte de sa mémoire.
Une société sans mémoire est comme un quartier sans immeuble, une maison sans fondation, une plante sans racine. Sa disparition est proche et immuable.
Afin de freiner le processus et de ne pas sombrer trop rapidement dans l’oubli, l’école enseigne, pour ceux qui veulent y aller, les rudiments sur la préservation du souvenir.
De même, les individus touchés s’organisent en réalisant des petites fiches sur lesquelles seront notés quelques mots pilotes.

Malgré tout, le mal insidieux poursuit ses ravages et le désoeuvrement des jeunes livrés à eux-mêmes tels que Maël et de Mog est bien palpable dans ce lieu urbain où chacun semble attendre le sort fatal qui le guette. Cette déchéance induit des comportements antagonistes. Soit on subit cette apathie destructrice, soit on se rebelle.
Les « ranas » ont su trouver leur voie en s’exprimant par la brimade et la violence sur autrui.

Réalisé à partir de dessins réalistes superbement colorés aux origines évidentes de l’univers des mangas, « Quartier M » est un ouvrage dont l’histoire se déroulera sur trois tomes. Compte tenu du thème relativement grave abordé, il est de ces albums qui interpellent et qui laissent un petit arrière-goût amer dans la bouche et que je ne peux que vous conseiller vivement.

Je vous concède que cet album ne sombrera pas, pour ma part, dans l’oubli puisqu’il m’a, à tout jamais, laissé une empreinte.

Par Phibes, le 29 avril 2007

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