Que faire des juifs ?
Que faire des juifs ? C’est le titre de cette BD, en même temps qu’une question qui est posée de manière « innocento-provocante » quand sait bien que l’éventail des réponses peut être hyper large en fonction de qui y répond ; juif orthodoxe ou dieudonniste, Palestinien ou serreur de boulons de 12, militaire israélien ou permacultrice brésilienne… Quatre mots pour une question et 565 planches non pas pour y répondre mais pour « en parler », et… c’est déjà ça ! comme le chanterait Alain Souchon.
Par sylvestre, le 14 février 2025
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Scénariste :
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Éditeur :
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Genre s :
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Sortie :
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ISBN :
9791037513069
Notre avis sur Que faire des juifs ?
Que faire des juifs ? Bon… Déjà, quand on veut faire quelque chose de quelque chose, encore faut-il savoir de quoi on parle. N'est-ce pas ? Or, la définition du juif, la perception du juif, la compréhension de son univers, tout ça, c'est pour chacun de nous très personnel. Et comme cette question-titre s'adresse en son genre aux lectrices et aux lecteurs, on sait bien qu'une multitude de réponses pourraient exister qui, au bout du compte, ne mettraient pas tout le monde d'accord. Surtout que dans cette multitude, il y aurait ceux qui se sentent plus concernés que les autres par la question et ceux qui s'en foutent royalement. Un peu comme si l'on vous demandait "Que faire des Kistines" ? Cette question est tout aussi valable et d'un intérêt comparable sauf que des Kistines, on n'en entend jamais parler donc ils ne pèsent rien dans l'esprit collectif.
Au fil des 580 pages de cette bande dessinée, Joann Sfar ne tranche bien évidemment pas en apportant une réponse toute faite. la question "Que faire des juifs ?" ne joue pas dans la même cour qu'un "T'en es à quelle page de ton livre ?" Alors l'auteur tente de nous y faire voir un peu plus clair en nous expliquant les juifs "par le menu" : en abordant les thèmes de leur mythologie, de leur religion, de leur Histoire, de la terre sur laquelle ils vivent, de leurs politiciens, de leur diaspora, des problèmes qu'ils ont, des problèmes qu'ils ont réglés, des problèmes dans lesquels ils se complaisent, etc, etc… Vaste sujet. CQFD.
En tant que lecteur, on se retrouve comme assis aux tables autour desquelles l'auteur discute avec ses invités qu'il interviewe en les croquant. Généralités ou expériences personnelles, tout est à prendre dans leurs témoignages pour construire notre connaissance et notre avis. Pour mieux cerner l'auteur, aussi : sa sensibilité, son opinion sur tel ou tel sujet, etc… En parlant des juifs, Joann Sfar parle de lui aussi (comme dans tous ses carnets) en s'appuyant à l'occasion sur des souvenirs personnels qui viennent servir son propos (et lui permettent parfois de se faire un peu mousser, comme d'hab').
Il y a beaucoup à en dire donc Sfar a fait en sorte de beaucoup en dire. Il glisse parfois une blagounette mais reste concentré sur le sérieux qu'il veut donner à son enquête. Quant à la mise en page du tout, toujours pas de surprise, elle reste fidèle à ce qu'on connaît de ses carnets : des dessins spontanés (jetés, mais c'est la dynamique recherchée) et des textes manuscrits qui pourraient éventuellement (attention !) provoquer des haut-le-cœur à ceux qui n'ont pas le pied marin.
Par Sylvestre, le 14 février 2025