Quelques jours à vivre
C’est assez récemment, en 1986, que la première unité de soins palliatifs a vu le jour en France, à Paris. Depuis, d’autres ont été créées et c’est celle de l’hôpital Victor Provo, à Roubaix, que cette bande dessinée nous invite à visiter. Le temps de quelques pages, on y côtoie le personnel : on suit infirmières et aide-soignants dans leur mission auprès des malades et de leurs familles qu’il faut accompagner avec le plus de tact et d’amour possible. Les soins palliatifs, ce n’est pas que de la médecine pure (tel cachet à prendre à telle heure). C’est bien plus que ça, bien plus humain que ça…
Par sylvestre, le 27 novembre 2017
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782756082264
Notre avis sur Quelques jours à vivre
Onze jours, c’est le temps moyen de séjour des patients qui sont accueillis aux "soins pal" de Roubaix. Etre admis dans un tel service est terrible pour les "intéressé(e)s" et c’est bien évidemment très difficile pour leurs familles mais c’est également de traumatisantes expériences pour celles et ceux qui y travaillent ! Dans un service où la mission est de rendre le plus agréable possible un séjour qui est souvent le dernier chapitre d’une vie, il n’est pas évident pour le personnel de prendre en charge des nouveaux arrivants en sachant que quelques jours après, leur chambre sera à nouveau disponible…
Toujours remettre son masque souriant, toujours se défaire du choc précédent avant de venir souhaiter la bienvenue au patient suivant… Il y aurait presque une sorte d’hypocrisie liée à ce rôle que le personnel joue ! Or, point d’hypocrisie : c’est au contraire une vocation, un sacerdoce. Un art ? Travailler en soins palliatifs, ce n’est pas un choix qui se fait au hasard. D’après les témoignages qu’on lit dans cette bande dessinée, c’est souvent fonction d’un rapport à la mort qu’ont eu les gens avant de devenir des professionnels ; parce qu’ils ont été touchés par la perte d’un proche, parce qu’ils s’en veulent de ne pas avoir été là dans les derniers moments d’un parent ou d’un ami… C’est un travail au contact de gens qui sont dans la dernière ligne droite. On est dans de "l’humain", ce genre de registre où les choses ne sont pas exactement quantifiables, absolument pas rentables, mais tellement précieuses pour celui qui bénéficie de la bienveillance, du sourire, de la conversation, des massages, de l’attention de ceux qui l’accompagnent pour que sa fin soit paisible, digne, enviable…
Dans cette BD, on voit plusieurs exemples. On suit des pros et on va avec eux au chevet de leurs patients. Des jeunes, des vieux… Des accidentés, des malades… Des gens seuls ou entourés… C’est à la fois très dur car on s’identifie forcément un peu, on se projette. Mais c’est aussi très beau, très touchant, bouleversant, car ça nous parle de la vie à un moment où elle file… mais où elle est toujours là !
Tous concernés ? Par la mort ? Oui ! On aimerait tous décéder paisiblement, entouré de ceux qu’on aime, n’est-ce pas ?! C’est justement cet état d’esprit qui préside, en soins palliatifs ! Il est donc facile de comprendre le sens de cette activité, son importance. Et, par extension, plus aisé de comprendre les "motivations" de ceux qui y travaillent. Quand au bout du compte plus rien n’est important, il reste encore cet accompagnement et c’est un des derniers trésors à emporter.
Dans Quelques jours à vivre, différentes séquences sont insérées qui nous font quitter Roubaix le temps de quelques vignettes. Elles sont historiques, documentaires, ethnographiques… Elles nous parlent du passé du métier ou du rapport qu’on les gens à la mort dans d’autres pays. Ça détend un peu entre des séquences plus difficiles ; tout en restant dans le thème ! Voire ça fait une petite embardée vers le surnaturel, car à côtoyer la mort tous les jours, certains hospitaliers finissent par avoir de drôles d’anecdotes à raconter !
On pourrait se dire que c’est bizarre d’avoir voulu parler de ça en bandes dessinées. En effet, Quelques jours à vivre n’est pas forcément le genre d’ouvrage que l’on peut facilement offrir ! Ni qu’on s’achète, un beau jour, comme ça, pour se faire plaiz’ ! Réaliser ou regarder un reportage télé là-dessus, pourquoi pas ? Mais une BD !? Chacun aura ses raisons d’aller ou pas vers ce titre, c’est évident. Sachez seulement qu’il est bon de savoir que ça existe, que des gens y travaillent et qu’un jour c’est peut-être nous qui profiterons des miracles qu’ils accomplissent.
Par Sylvestre, le 27 novembre 2017