Qui a tué Roland Barthès ?

Le 23/02/1980, sortant d’un déjeuner avec François Mitterrand, le sémiologue Roland Barthès se veut préoccupé par nombre de problèmes personnels. Alors qu’il traverse la rue, il est victime d’un accrochage par un véhicule utilitaire. Grièvement blessé, il est hospitalisé à la Pitié Salpetrière. Le Commissaire Bayard se présente à son chevet pour l’interroger et à la suite de quelques questions, perçoit que l’accidenté a peur. De quoi, de qui ? Bayard se décide à mieux connaître la personnalité de Barthès et eu égard à sa spécificité complexe, fait appel à un jeune sémiologue, Simon Herzog. Avec ce dernier, l’enquêteur va tenter de comprendre cette discipline dans laquelle Roland Barthès est passé maître et découvrir ce qui se cache derrière son accident. Serait-ce en lien avec ses travaux sur la septième fonction du langage ? Pour cela, ils vont devoir, sous la pression politique, pénétrer dans le milieu bien opaque des intellectuels parisiens…

Par phibes, le 16 janvier 2023

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Notre avis sur Qui a tué Roland Barthès ?

Sous le couvert du groupe éditorial Steinkis, Xavier Bétaucourt (L’ile oubliée, Derrière le rideau – Simone Signoret & Yves Montand, Le silence de l’ombre…) retrouve Olivier Perret (Ils ont tué Léo Frank, Quelques jours à vivre…) pour faire l’adaptation du roman éponyme deux fois primé de Laurent Binet paru en 2015 chez Grasset.

Se déclinant en un seul volume, cet album débute sur un fait divers authentique, à savoir l’accident de la circulation en 1980 dont a été victime Roland Barthès, linguiste de renom et à l’origine d’une analyse sur les six fonctions du langage. A partir de cet évènement tragique transformé en assassinat, le récit se transforme en enquête policière ô combien surprenante menée par un Commissaire un tantinet bourru et un sémiologue aiguisé. Ces derniers vont par l’intrigue mise en place nous éclairer sur la discipline obscure qu’est la sémiologie et nous permettre de fait de se mouvoir dans un milieu réservé aux intellectuels pratiquant celle-ci.

Force est de constater que cette adaptation, de par ses caractéristiques littérales poussées, est à réserver à ceux qui s’intéressent de près ou de moins près de cette science analytique. Tout en s’employant à rester dans le cadre ambiant des années 80 sous la présidence de Valéry Giscard-d’Estaing, Xavier Bétaucourt déroule son équipée complexe avec une réelle dérision qui met en avant des personnalités politiques, philosophes et autres penseurs, le tout dans un même panier, parfois bien loin de la réalité commune. Les joutes oratoires que l’auteur a souhaité écourter ou expliciter en se mettant en scène avec son dessinateur pour pas perdre son lecteur n’en demeurent pas moins des moments particulièrement ahurissants et leurs conclusions ô combien décalées.

Côté dessins, Olivier Perret fait un boulot bien remarquable. Son trait est à la fois nerveux et réaliste juste pour reconnaître les célébrités que l’on croise abondamment. Son message reste bien dynamique, porté par des personnages qui malgré certaines digressions analytiques compliquées restent agréables à suivre.

Une adaptation qui a son intérêt, certes divertissante mais qui est à réserver aux adeptes de la sémiologie pour bien en saisir toute sa consistance.

Par Phibes, le 16 janvier 2023

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