Qui laisse passer la lumière

Diane a 12 ans en cette année 1971. Elle vit avec sa mère et n’a pas d’ami. Pire, son caractère un brin étrange et renfermé, en fait une victime idéale de la part de ses camarades de classe. Mais, un jour, elle se rebelle étonnamment contre de nouvelles brimades. Elle jette à la figure des harceleurs des vérités qu’elle ignorait pourtant quelques instants plus tôt. Mais est-ce vraiment elle qui parle ?? Une petite voix s’est allumée dans un coin de sa tête. 

Alors qu’elle rentre chez elle, la voix se précise. C’est celle de son arrière grand père, Hadrien Lebel, dont le nom figure sur le monument aux morts du village. Il lui propose de l’aider, de la soutenir. La jeune fille est ravie. Leur complicité grandit et, plus ils échangent, plus l’image d’Hadrien se précise. Mais il semble que Diane, elle, soit de plus en plus fatiguée.

La seule personne à qui elle finit par raconter ces apparitions est sa grand-mère hémiplégique. En entendant le nom d’Hadrien, la vieille dame, qui a pourtant du mal à s’exprimer, entre dans une sorte de rage qui nécessite l’intervention des infirmiers. Que cache donc le passé de sa famille ?

Par legoffe, le 20 avril 2024

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Notre avis sur Qui laisse passer la lumière

Quand le devoir de mémoire renvoie une famille à des tourments tus depuis trop longtemps, c’est tout le monde d’une adolescente qui est bouleversé. 

C’est, sans conteste, une bien étrange histoire que nous conte Antoine Rocher. Elle évoque, de manière originale, des sujets qui trouveront un écho chez bien des gens. Car, ne vous y trompez pas, s’il fait apparaitre un fantôme dans son récit, les thématiques abordées n’ont rien de fantastiques. Il parle de traumatismes familiaux, de la différence, du harcèlement scolaire, de la difficulté à se construire, parfois, en tant qu’adolescent… Autant de problèmes rencontrés possiblement par tout un chacun. 

Le lecteur est aussi très vite intrigué par la relation ambiguë qui se construit entre Diane et Hadrien. Il se présente comme un arrière grand père attentionné. Mais est-il sincère ou n’agit-il pas par simple intérêt personnel ? La question nous taraude de plus en plus au fur et à mesure que nous voyons la jeune fille dépérir et que nous découvrons les réactions de la grand-mère et de la mère de Diane à l’évocation du nom de l’aïeul. 

Cette atmosphère si particulière est décuplée par le dessin envoutant de Lilas Cognet. La douceur de la colorisation tranche avec le style graphique, qui emprunte parfois ses traits au cubisme, notamment pour mettre en forme le spectre. C’est vraiment un travail remarquable, qui donne un surcroit de force au récit.

Fort de son scénario original et de ses belles planches, cet album s’avère être une expérience qui ne laissera personne indifférent.

Par Legoffe, le 20 avril 2024

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