Racines

Rose est une jeune fille créole vivant à La Réunion. Ses cheveux crépus la complexent fortement et elle rêve de les voir lisses, quitte à laisser son identité de côté. Arrivant en métropole pour ses études, elle entame le tour des salons de coiffure de la capitale pour tenter de trouver une solution à cette chevelure jugée envahissante.

Par v-degache, le 27 mai 2024

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Notre avis sur Racines

Si Racines s’inscrit au pluriel sur la splendide couverture de la dernière bd de Lou Lubie, c’est que le combat de Rose avec ses cheveux crépus va beaucoup plus loin que l’enjeu capillaire, questionnant ses origines et l’acceptation de soi.

Née à la Réunion d’une mère cafrine (créole noire) et d’un père yab (créole blanc), la chevelure de la demoiselle devient rapidement une obsession, une inquiétude permanente et chronophage, la complexant, et convainc celle-ci que la laideur est inscrite dans ses gênes.

Un paternel peu rompu aux soins capillaires !

Lorsque Rose s’installe en métropole pour intégrer une fac de littérature à Paris, cette difficulté à accepter ses cheveux au naturel se poursuit. Tissage, lissages, coupes ratées… Rose essaie et tente tout, afin de ressembler à ses copines aux coiffures ondoyantes, ce qui nécessite aussi un budget conséquent ! Elle découvre en parallèle que l’histoire du cheveu est éminemment politique, que derrière de simples tresses se cachent de nombreuses significations.

L’art du tissage !

L’ouvrage compile une mine d’infos passionnantes sur les cheveux, aussi bien scientifiques qu’historiques. Cette partie didactique se croise avec l’expérience personnelle de Rose, que l’on devine fortement inspirée par le vécu de l’auteure. On suit l’évolution du rapport de la jeune femme avec sa coiffure, et derrière cela l’acceptation de son identité créole, et qu’affirmer celle-ci dans l’espace public, en assumant par exemple de porter ses cheveux « au naturel », est un geste politique. Lou Lubie, comme sur ses précédents ouvrages, raconte tout cela avec humour, par exemple à travers son périple dans les différents salons de coiffure d’où elle ressort la plupart du temps avec une note salée. Son dessin rond participe aussi à donner au récit une certaine bonne humeur. Mais ne nous y trompons pas, le fond est bel et bien sérieux et le sujet exploré avec sérieux et richement documenté.

A la fois récit intime et politique, Racines est passionnant et nous fait découvrir des problématiques et enjeux insoupçonnés !

Par V. DEGACHE, le 27 mai 2024

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