Réalités obliques

 
Les pieds dans notre monde mais la tête et l’esprit qui partent ailleurs…

Certains miroirs sont coquins et surprennent ceux qui les regardent avec des images qui ne sont pas la réalité. Certaines montres ne tournent pas forcément rond et le temps qu’elles mesurent tourne en boucle pour faire sans cesse revivre les mêmes choses à certains (dommage quand c’est un cauchemar qui revient les hanter)… Certaines ombres portées, maudites soient-elles, déforment la réalité pour influer sur la vie de ceux à qui elles sont sensées être fidèles… A moins que tout ne soit que vision prémonitoire ? Et puis il y a ces personnages qu’on croit autres mais qui sont soi, ou encore ces corps qui se transforment ou qui ne vieillissent pas logiquement…
 

Par sylvestre, le 1 novembre 2015

Notre avis sur Réalités obliques

 
En noir et blanc, sur quelques pages seulement à chaque fois, et toujours avec des planches composées de quatre cases carrées de même taille, Clarke nous soumet vingt-cinq "réalités obliques" : vingt-cinq nouvelles pendant lesquelles il confronte ses personnages à leurs angoisses, à leurs vertiges, à leurs incompréhensions… Ces nouvelles sont toutes fantastiques, paranormales… à moins qu’elles ne reflètent la réalité de certaines personnes qui n’auraient plus toute leur tête ? Ou qui seraient "plusieurs, dedans", comme on dit ?!

Certaines sont très bien trouvées et font mouche, d’autres sont un peu plus tirées par les cheveux et donc moins compréhensibles (Atlas). Mais elles ont toutes en leur genre des relents de La Quatrième Dimension, poussant les personnages (et les lecteurs avec) hors de leurs repères ou dans le malaise qu’installent les ombres…

La simplicité de certaines vignettes (simples silhouettes, formes géométriques…) et le trait, parfois, donnent à cet album des airs d’album de jeune talent qui aurait rendu plusieurs copies toutes aussi bien pensées les unes que les autres pour répondre à un exercice imposé. Mais c’est Clarke qui signe Réalités obliques, un "vieux talent" qui prouve une fois encore qu’il a plus d’un tour dans son sac et qui nous fait retrouver l’inimaginable de Nocturnes et les importantes obscurités de Luna Almaden.

Réalités obliques se lit vite si on l’aborde comme n’importe quelle autre bande dessinée. Bien rangées et annoncées à chaque fois par une page de titre dans un bel album carré muni d’un ruban marque-page, ces vingt-cinq nouvelles sont plutôt à découvrir posément pour ressentir en chacune sa force, son toupet, son originalité… Et son pouvoir de vous faire frissonner !
 

Par Sylvestre, le 1 novembre 2015

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