REBIS

Dans un petit village en plein Moyen-Âge, la population se prépare à brûler deux jeunes femmes considérées comme sorcières. Parce que son épouse se prépare à accoucher, Girolamo ne peut rester pour assister au supplice. De retour à son domicile, il découvre que sa femme a commencé le travail. Celle-ci accouche en même temps que les deux torturées sont prises par le feu. Elle donne naissance à un petit garçon, Martino, qui a la particularité d’être albinos. Quelques années plus tard, celui-ci qui est rejeté par beaucoup, prend plaisir à jouer seul dans la forêt avec des insectes qu’ils trouvent. Le jour où il est surpris par d’autres enfants entraînés par son frère, il fuit à toutes jambes dans le bois et finit par tomber sur une maison isolée. Il y croise Viviana une femme ermite aux doigts brûlés. Après être retourné chez lui, il continue à subir les réprimandes de son père qui souhaite l’envoyer chez son oncle pour se soustraire de la mauvaise aura que porte le petit garçon. Lorsque Martino apprend qu’il doit partir de chez lui, il prend l’initiative de fuir et se réfugie chez Viviana. Durant deux années, il mène une existence paisible en adéquation avec la nature, au cœur d’une sororité de femmes délaissées qui va lui permettre de prendre conscience de sa différence et même la dépasser pour devenir Rebis.

Par phibes, le 28 janvier 2024

Notre avis sur REBIS

Rebis est le remarquable produit de l’association de deux jeunes artistes italiennes Irene Marchesini et Carlotta DiCataldo, publié initialement en Italie, puis repris par les éditions Le Lombard pour le marché français. Se déclinant en un seul volume, cette équipée nous introduit dans des ambiances moyenâgeuses, au cœur d’une contrée profonde au sein de laquelle un petit garçon, Martino, est promis à vivre des moments on ne peut plus dramatiques.

Parce que ce petit personnage a eu le malheur de naître albinos, donc de ne pas être dans la normalité, celui-ci se voit rejeté par tout le monde, y compris par sa propre famille. Perçu comme celui qui amène le malheur, Martino fait donc la douloureuse expérience de l’exclusion provoquant ainsi sa fuite.

L’histoire se veut somme toute assez simple et met en avant l’intransigeance humaine dans toute sa nocivité (toujours d’actualité). Martino, du haut sa fraîcheur et de sa candeur, en fait les frais et nous entraîne sur un parcours tourmenté. Comme il se doit, l’émotion est au rendez-vous tant la médisance est forte et la réponse progressive du petit personnage est sensible. La scénariste s’attache à faire valoir sa soif de vengeance mais aussi sa volonté de dépasser cette intolérance. Elle cherche, par l’entraide très féminine qui se découvre au fil des pages, à en faire ressortir un peu de positif et par ce biais, touche particulièrement. Par ailleurs, elle donne un sens au terme sorcière, une définition qui n’est pas celle que l’on pense en premier lieu.

Ayant œuvré par ailleurs sur plusieurs tomes de la série Mes souvenirs en BD, Carlotta DiCataldo dévoile ici un trait beaucoup plus abouti, plus sensible, chaudement colorisé. Le travail qu’elle exécute bénéficie d’une belle finesse et démontre sans contestation une recherche avérée sur le choix des plans. On saluera tout particulièrement la sensibilité des personnages (Martino en premier dont l’expressivité juvénile suscite de belles sensations, suivi par Viviana dans ses tourments passés) et leur profondeur caractérielle. Les ambiances médiévales sont également bien traitées, offrant ainsi une belle base historique à l’équipée de Martino.

Un roman graphique chargé d’émotions qui a l’avantage de traiter de l’intolérance d’une façon très habile.

Par Phibes, le 28 janvier 2024

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