Red Creek shuffle

A la fin des années 50, en Californie, à proximité de la frontière mexicaine est découvert le cadavre d’un vieil indien. Ce dernier a été horriblement massacré, éviscéré. Après constatation, le shérif local, Thompson, conclut à une agression par un animal sauvage. Le détective Peccato qui enquête sur la disparition dans le secteur de nombreuses personnes depuis deux ans est également sur les lieux et en déduit que le chef de la police va un peu vite en besogne. Pendant ce temps, le jeune Milton qui s’est entichée de la belle serveuse Kelly, convoie du matériel militaire pour la société Ultranox Synamics installée secrètement en plein désert. Par ailleurs, Jane Sinner, journaliste au Los Angeles Time, est arrivé dans la ville de Red Creek. Elle tombe sur le shérif Thompson et lui explique qu’elle enquête sur l’affaire de l’éviscéré. C’est à ce moment-là qu’ils apprennent que Milton a trouvé un nouveau cadavre, lui-aussi déchiqueté. Considérant le manque d’implication de l’autorité locale et même des fédéraux, Jane s’associe à Peccato pour découvrir ce qu’il se trame réellement sur la bourgade de Red Creek.

Par phibes, le 29 mars 2023

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Notre avis sur Red Creek shuffle

Après No Future, le scénariste très prolifique Éric Corbeyran lâche les ambiances futuristes pour se plonger cette fois-ci dans les années cinquante et nous offrir un nouveau récit complet qui a pour particularité de nous entraîner dans un polar fantastique pour le moins carnavalesque sous l’égide de la maison d’édition récente L’Aqueduc Bleu.

Par la découverte d’un cadavre, l’on aurait pu penser que le récit allait se démouler selon une trame classique. Or, il n’en est rien puisque le scénariste a décidé, dès cet évènement tragique, de passer à la vitesse supérieure et même la suivante pour nous associer à une histoire totalement folle, servie par des personnages qui vont évidemment la cadencer de la façon la plus décalée.

Entre un shérif incompréhensiblement inerte, un détective amer au faciès qui n’est pas sans rappeler le personnage de Torpedo, une journaliste impécunieusement efficace, un jeune livreur naïf, une serveuse blonde très intéressée, des résidents d’une base bien taiseux et une communauté indienne en pétard, l’on concèdera que les péripéties vont être menées à un train d’enfer selon un déroulé peu commun. Jouant donc avec une certaine loufoquerie exponentielle, usant de violence et de personnages des plus fantasques, Eric Corbeyran s’amuse, dans une progression mesurée, à tirer les ficelles d’un scénario à la sauce Tarantino, à la fois sous amphétamine et dégénérescent, tout en faisant de sacrés clins d’œil au 9ème art.

Après avoir œuvré ensemble sur Trop mortel en 2007 et 2008, Chico Pacheco retrouve son scénariste pour lequel il réalise un travail en parfaite adéquation avec la thématique sombre. Sous le couvert d’un trait aiguisé bien dynamique, l’artiste jongle adroitement entre restitution réaliste très soignée et caricature décadente, à la faveur d’une belle recherche pour camper l’époque des années cinquante. Ses personnages principaux sont pour le moins charismatiques dans leurs expressions et leurs gestuelles. Les décors sont vraiment, quant à eux, de toute beauté, restitués sur de larges plans qui mettent en avant l’immensité et l’aridité d’un territoire sauvage. Le tout est rehaussé par une bien belle colorisation appropriée, sans excès, mis à part la mise en avant de la couleur rouge.

Un polar sanguinolent énergique et imparable dont la trame décalée en surprendra plus d’un. Efficace et surprenant !

Par Phibes, le 29 mars 2023

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