Réparations

Deux ans et demi après le magnifique La fuite, Lelis revient avec ce nouvel album entièrement réalisé à l’aquarelle ou il évoque la vie d’un petit village du Sertao, par le biais des souvenirs de quelques uns de ses habitants.
Car il faut bien comprendre que l’écriture sud américaine est marquée par ce désir de digresser, de nourrir une trame principale de mille et une petites ramifications. Lelis s’inscrit ainsi parfaitement dans l’âme de son pays, ce désir de développer le lien entre le passé et le présent, de les mettre en scène pour comprendre que chaque personnage est le fruit de son histoire. On observe alors le parcours du grand-père et le sens qu’a pu avoir pour lui la découverte de cette boite à musique et cette mélodie. Ou encore la vie de cet étrange Jurandir, sa femme, sa fille…

Réparations n’est alors plus seulement l’histoire d’une petite fille qui pleure sa boite à musique cassée, c’est le récit de plusieurs vies qui s’entrecroisent, se brisent, se reconstruisent, qui suintent la chaleur de leur pays, la violence des hommes, la peine, la douleur.
De ce fait, Lelis étire son intrigue au gré de ses errances narratives qui nous fascinent de la première à la dernière page.
C’est captivant, une expérience de lecture qui nous interpelle par ses audaces, par la beauté des planches, avec cette aquarelle nerveuse qui rappelle parfois l’ingéniosité et la liberté de Nine.
On referme la dernière page, encore sous le charme de cet émouvant voyage brésilien.

Vivement recommandé.

Par FredGri, le 10 octobre 2024