Retour à Killybegs

Tyrone Meehan est une figure mythique de l’IRA qui a été denoncé par les anglais. Il est devenu un traitre pour la case nationaliste irlandaise. Il aurait pu choisir la protection des anglais, mais il a préféré faire face et s’en retourner à Killybegs. Il se souvient de sa vie, de ses combats, de sa femme Sheila qui a préféré rester à Belfast, et de son fils Jack…

Par berthold, le 14 février 2019

Notre avis sur Retour à Killybegs

Après Mon traitre, Pierre Alary adapte une nouvelle fois Sorj Chalandon avec Retour à Killybegs. Un récit qui nous permet de retrouver Tyrone Meehan. Nous le suivons à Killybegs, dans cette vieille maison où il se retrouve seul, avec ses pensées et sa vie. Une vie faite de combats, de luttes, de drames, de prison et de trahisons.

Ainsi, nous découvrons sa relation avec son père, qui meurt alors qu’il est encore enfant, le laissant seul avec sa mère et ses frères et soeurs. Puis, c’est le départ pour Blefast, afin de retrouver un oncle, qui va les héberger. Et c’est le début de l’apprentissage du combat entre catholiques et protestants, sous le regard de l’armée britannique, en pleine Seconde Guerre Mondiale et à seize ans, pour le jeune Meehan, l’entrée dans l’IRA. Cela commence d’abord chez les Na Fianna Héireann, les Scouts de la République, et c’est le début de l’amitié avec Daniel "Danny" Finley, leur chef. Mais cette période est aussi la rencontre avec Sheila qui deviendra sa femme et le soutiendra toute sa vie.
Tout en suivant le vieux  Meehan, en 2007, à Killybegs, seul, dans son coin au pub, ou seul chez lui, avec ses pensées, nous suivons quelques périodes difficiles de sa vie. Les plus durs sont celles se passant en prison, en octobre 1979, où il est condamné à 15 mois et c’est le moment où les républicains et les loyalistes ont perdu leur statut de prisonniers de guerre. Ils devaient porter le costume carcéral des droits-communs. Les camarades de Meehan sont nus et vivent dans leurs "merdes" (si je puis me permettre) depuis trois ans. Tyrone a  54 ans, il subit les coups des gardiens, les tortures physiques et morales et surtout, il suit le mouvement de ses camarades et refuse de porter le costume des droits-communs. Ces passages sont parmi les plus forts de ce livre.
Retour à Killybegs propose aussi d’autres moments forts et marquants. Alary nous touche au plus profond de nous, avec ce comabt que mène Meehan, traitre pour beaucoup, héros pour les autres. Alary se révèle excellent conteur, avec cette magnifique adaptation de l’œuvre de Chalandon.

Son dessin colle à la perfection au récit. Pas besoin d’en faire trop, Alary va à l’essentiel, il fait passer les émotions par les  expressions des visages. Les reconstitutions sont superbement bien réalisées. Il arrive même à rajouter du suspense… Les couleurs et les ambiances sont tout aussi bien choisies. A certains moments, des détails ressortent d’ailleurs mieux grâce à la couleur, pour marquer les lecteurs.

Un chef d’œuvre, tout simplement. Une belle histoire qui en dit long sur le conflit irlandais, sur l’IRA et sur certaines idées patriotiques.
Vous n’en reviendrez pas indemne.

 

Par BERTHOLD, le 14 février 2019

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