Retour à zéro

L’ingénieur Jâ Benal a été déclaré coupable d’une explosion qui a causé la mort de 40 000 personnes. Pour purger sa peine, il est envoyé sur la lune, satellite pénitentiaire où sont envoyés tous les condamnés. Officieusement, le savant atomiste a pour mission d’intégrer la colonie lunaire qui, à la faveur d’une évolution insoupçonnée, a pour ambition de détruire la Terre. Après un voyage des plus désagréables, Jâ Benal se prépare à alunir. Suivi par les scientifiques de la communauté lunaire, il s’écrase, sans trop de mal, sur le Mont Circé et se retrouve bientôt dans ses profondeurs, assailli par les terribles Gôrs. Suite à un regain de confiance, l’exilé parvient au bout de huit jours à se sauver de ses sinistres détracteurs télépathes et à remonter à la surface pour être cueilli par des envoyés du haut dignitaire lunaire. Malheureusement pour Jâ Benal, sa tentative d’infiltration est éventée par l’espion Tem, et ses nouveaux protecteurs vont tenter de gagner sa confiance pour lui soutirer les informations utiles leur plan d’attaque de la terre. Mais tout d’abord, il va devoir être soigné car, dans son périple, le physicien a contracté la terrible maladie verte réputée incurable. Jâ Benal serait-il condamné ? Et s’il parvenait à survivre, aurait-il l’occasion de voir qu’il s’est fait piéger ?

Par phibes, le 9 février 2015

Notre avis sur Retour à zéro

L’univers de Stefan Wul, l’artificier de l’imaginaire disparu en 2003, continue à donner lieu à de nouvelles adaptations en bandes dessinées grâce à l’association profitable d’Ankama et de Comix Buro. Cette fois-ci, c’est le tout premier ouvrage écrit en 1956 par le romancier français qui fait l’objet d’un album et ce sous la férule des deux artistes que sont Thierry Smolderen et Laurent Bourlaud.

Se déclinant sous la forme d’une aventure complète, cette adaptation peut se targuer de nous réserver quelques bonnes surprises. En effet, en scénariste aiguisé, Thierry Smolderen a opté pour une formule tout particulièrement fidèle à l’histoire originelle (voir la petite annexe de fin d’album), la restituant évidemment via une césure obligatoire qui a le privilège de ne pas dénaturer les péripéties extraterrestres du physicien Jâ Benal. Aussi, bien que l’on perçoive une certaine fébrilité dans les transitions, on aura vite compris la mission véritable du héros et à cet égard, on se pliera bien volontiers à le suivre dans ses pérégrinations lunaires.

Il ne fait aucun doute que l’exotisme le plus futuriste est au rendez-vous, tant l’équipée de Jâ Benal n’a rien de conventionnel et dénote d’une originalité alléchante. A ce titre, on pourra se délecter du parcours, certes on ne peut plus kitch, réalisé par le savant transformé en espion, très atypique et pourvu de sursauts scénaristiques détonants. Entre l’envol pour la Lune, la rencontre pétrifiante avec les Gôrs, l’intégration dans la communauté pour le moins machiste des lunaires, l’expérience microscopique (qui est à rapprocher du film Le voyage fantastique de Richard Fleischer) et bien d’autres joyeusetés jusqu’à la renaissance, l’on peut concéder que l’on ne s’ennuie pas une minute.

Côté dessin, Laurent Bourlaud réalise un travail qui a de quoi surprendre. Très éloigné de ce réalisme que moult dessinateurs recherchent, ce dernier a souhaité, sous le couvert de son scénariste, d’œuvrer via un effet pictural très stylisé, véritable concentré de plusieurs influences développées dans le cahier de fin de tome. Il en ressort un dessin à main levée à la fois épuré et complexe, dans une conception visuelle riche en couleurs vives et en détails étranges, qui confortent le côté insolite de l’aventure.

Une adaptation d’un roman qui n’est pas loin de fêter ses 60 ans, qui se meut dans des circonvolutions volontairement atypiques et qui donne envie d’y revenir bien volontiers.

Par Phibes, le 9 février 2015

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