RETOUR DE DORIAN GRAY (LE)
Noir animal

A la recherche d’une nouvelle jeunesse, Dorian Gray s’est associé opportunément avec le menaçant homme invisible qui vient, dans ces moments chaotiques que traverse la société londonienne, de s’autoproclamer roi en prenant les laissés pour compte d’East End. Participant activement au renforcement de la renommée du sinistre personnage, de surcroît malade, dans des actions mesurées qui lui donne l’occasion de devenir son lieutenant, il conserve malgré tout un certain rapport avec la suffragette Phyllis Appleton qui se charge de l’aider dans sa quête à retrouver le physique de ses jeunes années. Toutefois, alors que certains notables sont prêts à agir en faveur des défavorisés d’au-delà de la Tamise, la guerre civile menace Londres et Invisible 1er se prépare à plonger la cité dans les ténèbres et à répandre ses hordes de loqueteux. Dans ces ambiances révolutionnaires, Dorian Gray a enfin trouvé le moyen, grâce à Phyllis et à au jeune peintre Sergeant, de retrouver sa jeunesse. Mais pour cela, il va devoir passer à l’acte, un acte radical et sanglant qui malheureusement va influer définitivement sur sa destinée et de celle de Phyllis.

 

Par phibes, le 27 septembre 2012

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Notre avis sur RETOUR DE DORIAN GRAY (LE) #2 – Noir animal

Grâce au concept original de la collection 1800 et à la créativité de Stéphane Betbeder et Bojan Vukic, les univers propres à H.G. Wells (pour L’homme invisible) et d’Oscar Wilde (pour Le portrait de Dorian Gray) ont pu se croiser le temps d’une aventure fantastique. Avec ce deuxième et dernier volet, les deux personnages reviennent dans leurs pérégrinations complémentaires, animés d’intentions maléfiques.

Nous replongeons donc dans le Londres du début du 20ème siècle, au moment où la cité anglaise traverse une crise sociale démesurée. Dans ce contexte, Invisible 1er et Dorian Gray sont réunis pour notre plaisir et se préparent au pire. L’un entretient des idées révolutionnaires, l’autre aspire à un certain esthétisme. De fait, ce tome, en conformité avec son sous-titre, prend un chemin encore plus sombre qu’antérieurement, et vient nous immerger dans des ambiances de folie humaine. Pour Stéphane Betbeder, la cohabitation inédite des deux personnages principaux passe par des desseins explosifs et macabres qui, à vrai dire, flirtent de façon surprenante avec le morbide. A cet égard, le scénariste a trouvé le moyen, tout en prenant appui sur l’Histoire du quartier pauvre d’East End, de nous ébranler par la manière dont Dorian Gray assume son rajeunissement, via des agissements horrifiques, et également par la tournure amères des évènements proches du final.

Ainsi, on pourra concéder que l’histoire ainsi contée ne laisse pas de marbre. Imprégnée grassement d’un fantastique puisé dans les romans d’origine, cette dernière réussit à nous intriguer grâce à un rapport de force hors norme et angoissant et également dans ses orientations qui semble éluder l’idée de bonheur retrouvé.

Le graphisme de Bojan Vukic est pour le moins en osmose avec la noirceur de l’équipée. L’encrage de ses planches est très prononcé de telle manière qu’il appesantit volontairement les péripéties. On notera toutefois une certaine disparité dans l’exécution des dessins, beaucoup se révélant favorablement dans leur détail remarquable, d’autres moins travaillés, se découvrant dans une qualité plus grossière.

Une fin d’association entre deux personnages de fiction célèbres bien orchestrée qui, assurément, intègre à la perfection la collection dirigée par Jean-Luc Istin et qui ne laisse certainement pas insensible.

 

Par Phibes, le 27 septembre 2012

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