RETOUR SUR BELZAGOR
Episode 2/2

L’ex-lieutenant Eddie Gundersen a pris le chemin du Pays des Brumes afin de satisfaire ses employeurs scientifiques, Dorothy et Sam Wingate, qui souhaitent assister à une cérémonie de la renaissance pratiquée par les autochtones de la planète Belzagor. En compagnie de ces derniers, d’Alexander Van Beneker et de son ex-compagne Seena, Eddie se dirige donc vers la montagne de la Renaissance, conduit par Sprin’Gahar, le Nildoror, et trois de ses pairs. Ce voyage est l’occasion pour celui-ci de faire face à ses démons et d’avouer à Seena ses véritables intentions quant à Kurtz, l’ancien dignitaire colonial et mari tourmenté de cette dernière, qui les a devancés pour participer au rituel des Nildoror. Ayant atteint les contreforts de la Montagne de la Renaissance, le petit groupe se met alors à suivre les traces visibles de Kurtz afin de voir comment l’humain va réagir au rituel de la régénération. Après avoir pris position sur les hauteurs du lieu de culte, le petit groupe se prépare avec impatience à découvrir enfin le grand secret de Belzagor. Autant dire que le spectacle auquel ils vont assister, va se dérouler d’une façon très inattendue et va même, malgré son côté hors norme on ne peut plus déstabilisant, générer, en signe de rédemption, de nouvelles prises de décisions de certains membres de l’expédition à commencer par Eddie.

Par phibes, le 23 décembre 2017

Notre avis sur RETOUR SUR BELZAGOR #2 – Episode 2/2

Philippe Thirault nous livre la seconde partie de son adaptation en bandes dessinées de l’une des œuvres maîtresses du romancier américain Robert Silverberg intitulée originellement Les profondeurs de la terre et transformée par l’artiste français en retour sur Belzagor. Dans des ambiances exotiques et futuristes, nous retrouvons donc Eddie Gundersen, l’un des personnages principaux, dans la mission qui a été dévolue par ses employeurs, les Wingate et qui consiste à faire tomber l’un des plus grands secrets de l’exoplanète.

L’on concèdera bien volontiers que cette suite d’aventure qui se nourrit, rappelons-le, d’un récit datant du début des années 70, garde toute sa superbe et ce, grâce au travail aiguisé du scénariste. Assurément, bien que le relationnel entre certains personnages (le couple Seena/Gundersen) sente un tantinet le suranné, l’équipée qui se déroule a de quoi marquer très agréablement les esprits. Tout d’abord, cette dernière est l’occasion de nous affranchir d’avantage sur cette ancienne colonie et son agencement fantasmé au point d’enfoncer le clou du dépaysement. Ensuite, grâce à la mission d’Eddie Gundersen, elle a l’avantage de rentrer plus en profondeur dans un mode de vie (presque éternelle) pour le moins atypique (le culte de la renaissance des Nildoror et des Sulidoror), via une spiritualité à prime abord paisible, pleine de sagesse, sans technologie, mais n’éludant pas une certaine barbarie (le rituel).

De fait, la démarche rédemptrice d’Eddie Gundersen a la matière qu’il faut pour captiver. Sous des accents anticolonialistes et des principes respectueux de la nature, l’intrigue qui en découle nous entraîne dans l’évolution psychologique de ce personnage (au départ, intolérant, raciste) et dans sa prise de conscience de l’univers et des personnes qui l’entoure. Le message reste donc fort et nous amène dans des pérégrinations extraterrestres à rebondissements multiples bien enveloppantes et surtout insoupçonnées.

Bien sûr, la magie de cette adaptation se veut également opérer grâce au superbe travail illustratif de Laura Zuccheri. A n’en pas douter, cette dernière garde la finesse de ce trait qui lui sied depuis sa série Les épées de verre et, appuyée par la colorisation lumineuse de Silvia Fabris, nous la restitue une fois encore dans un univers imaginaire impressionnant. Sur ce point, on pourra saluer la beauté des décors de Belzagor, réellement dépaysant tout comme les natifs dont on appréciera leur exotisme, leur profondeur d’âme mais aussi leur transe violente. Pareillement, on pourra apprécier la belle représentation des humains, doté d’un réalisme et d’une sensualité (pour les femmes) très concluants.

Une fin d’adaptation réglée de main de maître par des artistes qui ont su apprivoiser avec générosité et habileté un pan de l’univers de Robert Silverberg. Bravo !

Par Phibes, le 23 décembre 2017

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