REVOLUTION NOMMEE RASPOUTINE (UNE)
Prêtre respectable pour les uns, sombre gourou pour les autres, Raspoutine fut un chanceux opportuniste qui sut jouir de la place qu’il a conquise dans le premier cercle du Tsar ; ce pour quoi nombre de jaloux souhaitèrent sa mort. Or, celui qui était un Dieu pour ses admirateurs n’était forcément pas immortel : son déclin et sa mort furent un des marqueurs de la fin de la Russie tsariste.
Par sylvestre, le 20 juillet 2023
-
Scénariste :
-
dessinateur :
-
Coloriste :
-
Éditeur :
-
-
Sortie :
-
ISBN :
9782344050132
Publicité
Notre avis sur REVOLUTION NOMMEE RASPOUTINE (UNE)
Raspoutine a gagné la protection du Tsar Nicolas II en réussissant à freiner l’évolution de l’hémophilie du seul fils de ce dernier. Ou pour avoir réussi à lui faire croire qu’il y était pour quelque chose… Quoi qu’il en soit, le Tsar s’était montré redevable et avait ensuite tendu plus facilement l’oreille à tous les conseils de ce providentiel médecin accomplissant des miracles alors même que son entourage éclairé tentait de le mettre en garde contre l’influence néfaste d’un homme qui pour eux était plus certainement un lubrique charlatan.
L’aura de Raspoutine n’a pourtant fait que croître malgré l’image d’homme sale et sauvage qu’il donnait et la gent féminine s’est entichée du personnage qu’en plus on disait fort bien membré et qui mit dans son lit des dizaines voire des centaines de femmes, des plus humbles aux plus riches.
Oui, Raspoutine était un « homme à femmes ». Et oui, ses assassins ont eu bien du mal à se débarrasser de lui. Ces caractéristiques sont bien connues, elles ont contribué à asseoir la véritable légende qu’est devenu le personnage. Et elles sont bien évidemment évoquées dans cette bande dessinée mais ne sont pas pour autant utilisées comme une fin en soi.
Car c’est finalement une « fresque » plutôt qu’un simple portrait ou qu’une simple biographie qui nous est proposée par les auteurs dans cette bande dessinée. Car tout y reste très romancé et donc a priori sans ambition pédagogique poussée. Une révolution nommée Raspoutine parle certes du personnage-titre et de ses excès, mais nous le montre aussi plein d’empathie pour les juifs auxquels il n’a pas rechigné à venir en aide. Ainsi le récit nous parle plus globalement (mais forcément de manière un peu succincte) de la Russie d’avant le bolchevisme et des tourments qui la secouaient et qui animaient alors ses hétérogènes populations.
Le début de l’histoire se déroule de nos jours, dans le Musée de l’érotisme de Saint-Pétersbourg (en Russie) où le sexe de Raspoutine serait exposé ; à moins qu’il s’agisse du sexe d’un éléphanteau… La présentation de ce sexe par un conservateur du musée à de jeunes visiteuses va introduire le récit avant qu’en fin d’ouvrage, la narration nous ramène dans ce même musée. Ce choix « modernise » l’exercice biographique ; qui d’ailleurs va se révéler double puisqu’un autre personnage tient également une place de choix dans le récit sans qu’on puisse deviner qu’il s’agit d’un autre « grand nom ». Ainsi, Raspoutine n’est pas le seul personnage mis en lumière mais c’est plutôt « à sa lumière » qu’on porte le regard sur « sa » Russie.
Le scénario de cette bande dessinée des éditions Glénat est signé Hernan Migoya. Le dessin et les couleurs sont l’œuvre de Manolo Carot (La chute de Dante). Un savant mélange de suspense, d’érotisme, de drame et d’action font de cette lecture un agréable moment d’intéressantes rencontres.
Par Sylvestre, le 20 juillet 2023
Publicité