REVUE DESSINÉE (LA)
Printemps 2016
Au sommaire de ce nouveau numéro:
"Mariage à l’iranienne" de Jane Deuxard et Deloupy
"Vous êtes ici, avec le garage moderne, à Bordeaux" de Sonia Deschamps et Alain Kokor
"Le ventre de Paris" de Amélie Mougey et Cyrille Pomès
"Face B" d’Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog
"Instantané" de Jean-Michel Bolliou et Rudy Spiessert
"Au pied du mur" de Taina Tervonen et Thierry Chavant
"La revue des Cinés: Numéro Zéro de Depardon" de Hervé Bourhis
"Matière grise" de Jean-Philippe Lazan et Zoé Thouron
"La sémantique c’est élastique: "Les Barbares"" de James
"Piège en béton" de Catherine Le Gall et Benjamin Adam
"Mi-temps: La pétanque nantaise" de Hervé Tanquerelle
"Formation aux petits oignons" de Sophie Boutboul et Aseyn
"Trait pour trait: sacré caricature" de Fabrice Erre et Terreur Graphique
Par fredgri, le 21 mars 2016
Notre avis sur REVUE DESSINÉE (LA) #11 – Printemps 2016
L’année 2016 s’est terminée avec un constat, l’actualité a été très chargée et plus que jamais nous avons besoin d’un outil pour décoder, mais surtout pour nous montrer l’envers du décor d’une information globalement tronquée ou tout du moins très dirigée ! Et c’est peut-être pour cette raison que la bande dessinée reportage fonctionne de mieux en mieux, ce besoin de s’informer, de dénonciation, de décrypter…
Pour cette nouvelle fournée, l’équipe de la revue Dessinée revient sur le sujet des réfugiés, en mettant l’accent sur les nouveaux comportements gouvernementaux, et plus particulièrement ceux qui veulent se débarrasser de ce problème, allant même jusqu’à demander la création de camps. On se rend bien compte que c’est très complexe, voir même très politique. Toutefois, c’est intéressant de voir aussi qu’au milieu de toute cette histoire ceux qui sont le moins écoutés restent encore ceux qui veulent fuir ces états qui en veulent à leur vie…
Ils abordent aussi le sujet de la société iranienne, et notamment le cas des mariages et de la liberté des femmes.
On se doute bien que le sujet est vaste et qu’il s’agit principalement d’un choc des cultures, mais ce qui m’a assez surpris c’est le cynisme qui s’est aussi progressivement développé, surtout celui du témoin qui est ainsi mis en scène dans ces pages, cette femme qui s’accommode de son mariage pour être libre et pour pouvoir s’enrichir, en reconnaissant aisément que le jour ou ce mari ne sera plus intéressant pour elle, elle pourra le jeter sans problème, un accord le forçant alors à verser une somme astronomique à son ex… On a le sentiment que c’est la société elle même qui glisse vers quelque chose de nébuleux, d’absurde ! Même si on devine ce portrait légèrement grossi !
Nous avons droit ensuite à un passionnant reportage sur les quartiers secrets de Paris, ces lieux ou les trafics dictent de nouvelles règles, surtout quand il s’agit d’immigrés sans papier… Sur le Boulevard de Strasbourg, dans le 10e ce sont les salons de coiffure qui utilisent à l’excès une main d’œuvre à bas prix, à la chaîne… Dans la rue Saint Denis, les filles y sont amenées en devant rembourser des dettes faramineuses, qu’elles viennent d’Afrique, de l’Est ou d’Asie… Dans le Sentier, c’est le monde du textile, avec des malversations similaires, salaire d’esclavagiste, moralité douteuse… Et même si ce sont des débats qui se sont déjà ouverts, c’est incroyable de voir ces pratiques continuer à notre époque !!!
La Revue Dessinée garde évidemment cette identité sans concession, ce droit à l’information, aux reportages de qualité, Mais elle accueille aussi des rubriques plus génériques qui parlent de sport, d’analyse d’image, de cinéma, de musique et même de sémantique !
Je regrette néanmoins la disparition, assez tôt d’ailleurs, de ces petits articles sur l’économie qui me plaisaient beaucoup et qui permettaient d’avoir un complément d’information très pertinent. Surtout quand on a régulièrement dans l’actualité des sujets qui mériteraient d’être davantage décryptés, comme pour la crise en Grèce et cette histoire de dette européenne…
De plus, cela m’étonne toujours que dans La Revue Dessinée il n’y ai toujours pas de dossier sur la polémique sur les droits d’auteurs, sur les pourparlers liés aux retraites, qui n’ont aboutit à rien… La bande dessinée, comme sujet, est étrangement ignorée dans La Revue… Alors qu’elle aurait justement besoin d’être expliquée… D’autant qu’il doit y avoir largement ce qu’il faut en terme de talent pour raconter et analyser… Wait and see !
Toutefois, cela reste une lecture indispensable dans le paysage informatif actuel, une lecture d’intérêt public !
Évidemment, très recommandé !
Par FredGri, le 21 mars 2016
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