REVUE DESSINÉE (LA)
Hiver 2013

Après un premier numéro très enthousiasmant ce second volet était très attendu. Et comme son prédécesseur c’est une nouvelle fois un excellent cru !
L’accent est mis, au travers de deux gros reportages, sur les trafics d’armes qui transitent avec l’accord des grandes puissances. Qu’il s’agisse d’armes physiques comme informatiques les réseaux opèrent sans véritablement être inquiétés. Tout est question d’argent, de relations et d’intérêts internationaux, qu’importe si en contre partie cela génère des morts. Les enquêtes mettent donc en avant le cynisme de cette économie immorale protégée par les uns et les autres. C’est très documenté et passionnant, même si on garde le sentiment que l’histoire de ce Jacques Monsieur reste trop synthétique, qu’on survole le sujet sans vraiment s’y arrêter. Dommage ! Surtout qu’en face on a un dossier exemplaire sur Amesys qui décortique complètement son sujet, du vrai travail d’investigation qui démontre les ambitieux objectifs de la Revue ! En attendant, commencer par les très belles planches de Kokor c’est en soi un cadeau parfait, tellement tout est fluide !

J’ai eu un peu plus de mal sur le dossier concernant le gaz de Schiste, simplement parce que le propose est assez sec, renforcé par un graphisme assez froid. Le fond reste captivant, mais je pense que ca nécessitera de lire les trois parties en un bloc, histoire de complètement s’immerger !

On sent bien, tout de même que la rédaction privilégie ces enquêtes assez complexes, dénonciatrices, comme l’est aussi le récit de Lepage qui, à l’exemple de son récent album sur Tchernobyl, retourne à Fukushima pour se rendre compte, 3 ans plus tard, de la situation. La Revue gagnant ainsi en crédibilité et en profondeur tout en s’octroyant des sujet plus "légers" en parallèle. Je trouve juste qu’en parallèle des articles comme celui sur l’économiste Robert Barro, par exemple, manquent de précision, qu’ils restent beaucoup trop synthétiques et qu’au final on les parcourt rapidement sans en saisir complètement les enjeux qui ont tout de même des répercussions très importantes ! De même que les planches sur Thalès de Milet abordent que très succinctement leur sujet, se perdant trop volontier dans des digressions sans aucun rapport avec le sujet, ce qui n’est pas contre pas le cas de la partie qui présente Lee Scratch Perry, passionnant portrait d’un artiste très important !
La Revue Dessinée nous propose donc un second numéro avec des sujets très forts qui ont peut-être tendance à occulter les plus petites rubriques !

Toujours est-il qu’une telle revue dans le paysage BD actuel est juste providentiel. Mettre en avant de cette manière le travail d’auteurs alliés à un œil de journaliste c’est tout simplement fascinant. Il permet d’impliquer un Art qui passe un peu trop souvent pour mineur dans une certaine actualité plus concernée qui aurait aussi tendance à se couper du grand public. Ce qui en résulte c’est un vrai travail d’équipe admirable, un acte d’artistes responsables et impliqués.

Tout lecteur de BD sensible au monde qui l’entoure devrait se jeter sur ces numéros, même si ça implique une prise de conscience d’un monde ultra cynique…

Une lecture indispensable !

Par FredGri, le 22 décembre 2013