Rewind

Alors j’aime bien ces albums à procédés. Ceux qui découlent d’une idée formelle, une idée à partir de laquelle peuvent s’enchaîner plein de pistes diverses.

Ici, le concept est simple. Le gars, à terre, va se demander comment il pourrait faire en sorte de changer l’issue du scénario. S’il choisit telle piste, ou va-t il se retrouver ? Et si, plutôt, il décide de se reposer sur cette femme avec son portable…

Chaque piste qu’il imagine le ramène vers des culs-de-sac, pourtant. Philippe Girard malmène son personnage, le fait tourner en bourrique et progressivement se sert de ses doutes pour remonter dans la vraie histoire, celle qui nous montre pourquoi il est poursuivi par ces tueurs, pourquoi il fuit etc. Ainsi, sous couvert d’un sempiternel retour en arrière il plonge dans les angoisses d’un personnage qui s’imagine mille et une conclusions à cette histoire qu’il sent bien se terminer pour lui. Le scénario est d’une adresse remarquable, il arrive a utiliser le côté redondant du procédé pour en retirer chaque fois une réflexion intéressante (notamment le dernier segment qui est vraiment bien trouvé !).

Par contre, en contre partie, le procédé, à force de nous amener vers des voie sans issue, nous donne aussi le sentiment d’être sans cesse retenu par le pied au lieu de nous emmener vers une histoire qui s’élance (un peu ce qu’on peu retrouver, en plus absolutiste, dans le "Si par une nuit d’hiver un voyageur" de Calvino). Ce qui revient vite à être assez frustrant, d’autant que ces pistes ne vont pas très loin, en fin de compte, elles ne font que reproduire le même schéma encore et encore !

Néanmoins, cela reste un excellent petit album que je vous conseille très vivement !

Par FredGri, le 29 mars 2012