RIC HOCHET (LES NOUVELLES ENQUÊTES DE)
Meurtre dans un jardin français

Pris sous la coupelle du généreux Zidrou et des éditions du Lombard, le fameux journaliste Ric Hochet créé il y a plus de 50 ans par André-Paul Duchâteau et le regretté Tibet, a trouvé l’occasion de repartir pour de nouvelles aventures. Après un premier essai pour le moins concluant (R.I.P., Ric !), l’homme de La Rafale revient pour un deuxième round tout aussi musclé que le précédent et surtout pour le moins décalé de la série mère.

C’est sous le couvert d’une affaire de meurtres insolites que l’intrépide Ric Hochet se présente à nous, une affaire qui, à prime abord, pourrait se révéler légère de par les agissements d’une femme distributrice de baisers mortels, mais qui, après sa découverte, s’établit sur des faits plus profonds et douloureux. Zidrou a donc décidé de toucher là où ça fait mal et le fait remarquablement bien. Se confortant à l’époque de la fin des années 60, ce dernier nous offre une intrigue très inspirée historiquement (ce qui lui donne sa force) et dont les dessous lui octroie avec subtilité un côté amer qui n’est certainement pour déplaire.

Amateur de rebondissements, Zidrou exècre les histoires linéaires. A cet égard, on lui saura gré la manière dont il articule son scénario, en faisant intervenir presque furtivement des personnages au long terme (le nyctalope), en nous plongeant dans des situations à suspense (la chute de Ric, le baiser échangé avec la meurtrière…) et qui ont tendance à nous prendre de court, en nous intéressant à une enquête haletante bien dosée. Par ce biais, tout en respectant l’univers de Ric, il se permet d’insuffler un certain renouveau sur la trame classique de ses aventures originelles, en lui donnant une modernité non négligeable et en faisant fondre les interdits de l’époque. Ici, Ric embrasse à tour de bras (même dans le plâtre), Nadine est une jeune femme bien dans sa peau et particulièrement libérée, leur liaison est clairement affichée…

La partie graphique réalisée par Simon Van Liemt est de grande volée. L’artiste prouve qu’il s’est bien imprégné de l’univers graphique de Ric Hochet dans ses premières années et qu’il le restitue dans une évocation juste qui, ici aussi, se veut à la fois pleinement moderne et respectueuse du concept d’origine. Le réalisme de ses décors traduit comme il se doit un gros travail de fonds, complété par une galerie de portraits (Ric, Nadine, Bourdon, Ledru…) on ne peut plus maîtrisée.

Une nouvelle enquête remarquablement ficelée qui donne furieusement envie de lire le prochain épisode intitulé « Comment réussir un assassinat ». La question est posée, la réponse de Ric Hochet est attendue !

Par Phibes, le 5 décembre 2016