RIO
Les yeux de la favela
A Rio, depuis dix ans qu’ils ont été adoptés par le couple John et Carolyn White, Nina et Rubeus, enfants de la rue, bénéficient d’une certaine qualité de vie. Cette qualité est due en particulier à la position privilégiée de leur père adoptif qui gère l’ONG « Céu Azul » pour l’alphabétisation des enfants de la favela Beija Flor et qui, sous son couvert, œuvre pour les intérêts américains. Si Nina s’accommode de cette situation favorisée, il n’en est pas de même pour Rubeus qui n’arrive pas à s’adapter à cette existence qui cache bien des désillusions. Surtout que depuis la mort du caïd Don Juan, la tension dans la favela est à son maximum, ses successeurs étant sur le pied de guerre. La famille White n’est pas épargnée par cette violence et subit à cet égard moult intimidations. Jusqu’au jour où, lors d’une soirée organisée en faveur de l’action humanitaire de l’ONG « Céu Azul », une bande armée fait irruption manu militari et kidnappe Nina. Tout porte à croire que c’est l’œuvre d’un certain Mozar, chef de bande dans la favela. N’étant nullement enclin à laisser faire la police brésilienne, Rubeus décide d’aller lui-même négocier la libération de sa sœur. Le retour dans ses anciens quartiers va raviver la violence dans laquelle il est né.
Par phibes, le 7 décembre 2016
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Genre s :
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Sortie :
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ISBN :
9782344015063
Notre avis sur RIO #2 – Les yeux de la favela
Avec leur premier opus, Louise Garcia et Corentin Rouge étaient parvenus à marquer pleinement leur lectorat en le plongeant dans un récit moderne et surtout impitoyable. S’appuyant sur une certaine réalité sociale qui se rapporte aux bidonvilles existants atout de Rio de Janeiro, leur équipée dramatique se poursuit donc via ce deuxième volet et nous remet, de fait, en présence des deux personnages clé de l’histoire, Nina et Rubeus, deux déshérités d’une favela pris sous l’aile protectrice d’un couple américain.
Une fois encore, on pourra être subjugué par la violence ambiante de cet album dont les circonvolutions évoquées ne laissent que peu de répit. Tout en faisant évoluer chronologiquement son histoire de quelques dix années, Louise Garcia remet sur le tapis le climat délétère recouvrant la communauté brésilienne, entretenu pesamment par la mafia brésilienne et les compromissions étatiques. Dans ce contexte nauséeux, tout semble possible, rackets, menaces en tout genre sur fonds de guerre entre bandes et surtout kidnapping. La famille White va malheureusement en faire l’expérience la plus amère et initier indirectement la replongée de leur fils adoptif Rubeus dans un univers qui ne l’a pas forcément quitté.
L’on concèdera que le tableau dressé par Louise Garcia est des plus sombres. Jouant sur l’ambiguïté psychologique de son personnage (il vit pour sa famille – sa sœur « américanisée » – et il est toujours accroché à ses origines), la scénariste enfonce le clou de la barbarie et suscite bien des émotions. Dynamique dans son déroulement, l’histoire semble ne laisser que très peu d’espoir à la sérénité, préférant pour cela nous entraîner dans une descente aux enfers imparable.
De son côté, Corentin Rouge nous assure une mise en images particulièrement percutante. D’un trait très expressif et énergique, ce jeune dessinateur démontre tout son potentiel artistique via un réalisme qui donne froid dans le dos. N’excluant aucune violence, son message apporte favorablement une vision volontairement malsaine qui appuie complètement le scénario.
Un deuxième tome efficace et sans pitié qui appuie là où ça fait mal. Nous attendons la suite !
Par Phibes, le 7 décembre 2016