RIP
Eugène – Toutes les bonnes choses ont une fin

Eugène vit dans un camping-car qu’il partage avec sa mère. De caractère très hargneux et raciste à souhait, il a intégré une brigade qui est chargée de nettoyer les demeures dans lesquelles les cadavres des propriétaires sans héritiers ont été découverts. Réellement abject, il ne vit que pour sa pogne et l’affiche haut et fort. Pourquoi une telle colère ? Il faut pour cela voir son passé, depuis sa terrible enfance jusqu’à ces derniers mois, un passé qui l’a transformé en une véritable brute épaisse, prête à tuer son prochain pour retrouver la bague qu’il avait trouvé avec ses collègues dans une bicoque et qui a disparu mystérieusement. Autant dire que ça va encore cogner sévère !

Par phibes, le 8 septembre 2023

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Notre avis sur RIP #6 – Eugène – Toutes les bonnes choses ont une fin

Dernier élément de la sinistre brigade mortifère, Eugène vient à son tour se livrer au lecteur et dévoiler à la fois son passé mystérieux et également, grâce à sa fureur intestine, mettre un terme à cette saga macabre à souhait.

A n’en pas douter, cet ultime épisode ne dépareille des précédents. Gaet’s vient avec une belle justesse et évidemment avec beaucoup de sarcasme combler les vides de son intrigue générale. C’est donc par le biais du personnage le plus massif de la bande de détrousseurs de cadavres que les derniers aveux tombent (comme des mouches !). Basculant avec une certaine habileté entre le présent et le passé, l’artiste évoque dans un premier lieu Eugène dans toute sa médiocrité. Et on ne peut pas dire que ça respire la gaieté. De plus, par son entremise, il lève le voile sur les dessous machiavéliques de l’organisation mortuaire dans laquelle il œuvre et ce n’est pas beau là non plus.

A la fois glauque et violent, sans une once d’espoir, le récit qui englobe ce personnage, entrecoupé de nombreuses citations à propos, nous entraîne dans des situations toutes aussi tordues que le concerné. Animé par des dialogues menaçants, taillés dans l’abject, qui soutiennent une certaine putréfaction ambiante, il a le privilège de faire grincer les dents et même de faire rire (jaune) tant la morale est bafouée et ce pour une bague. Il ne fait aucun doute que l’objectif fixé est atteint, marquant par sa dégénérescence et sa noirceur très caustique.

De son côté, Julien Monier continue à nous offrir, en termes d’ambiances, une vision toujours aussi efficace et pleinement poisseuse. On devine aisément que l’artiste maîtrise son sujet à tous les niveaux, des personnages aux décors. Les premières ont vraiment la tête de l’emploi (véritables rebus de la société, irrespectueux, sournois, sans aucune empathie…) avec une expressivité qui traduit parfaitement leur nature dépravée. Les décors bénéficient quant à eux d’un relief remarquable, rehaussé par une colorisation tirant souvent vers le verdâtre qui se veut en adéquation avec les situations.

Une fin délectablement corrompue, volontairement amorale, qui ne manquera pas de réjouir les lecteurs de la première heure. Merci les auteurs, vous nous avez mouchés !

Par Phibes, le 7 septembre 2023

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