Ritter Germania

Un deuxième haut fonctionnaire du régime nazi est retrouvé pendu en cet hiver 1950. Le crime est à nouveau signé “Ritter Germania”, du nom du célèbre héros emblématique de la Grande Allemagne. Pour les responsables du Reich, il faut agir vite car d’autres membres du Parti sont menacés. Plus gênant encore, cela entache l’image même du pays , Goebbels ayant tant misé sur cette légende du peuple aryen qui est née sous le trait d’un soldat émérite mais ingérable, Joachim Stadler. Est-il vraiment le criminel que tous recherchent ou bien une autre machination se cache derrière ces meurtres ?

Par legoffe, le 25 mars 2012

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Notre avis sur Ritter Germania

Ce livre est le cinquième né de l’univers de Block 109, cette fameuse uchronie qui avait reçu le prix 2010 de la rédaction de Sceneario.com et qui nous raconte un Monde où Hitler est mort mais où les Nazis sont parvenus à gagner la guerre.

Les auteurs ne manquent pas d’idées et, il faut bien le dire, revisiter l’Histoire permet bien des fantaisies. Pour ce nouvel opus, l’entrée en matière est, une fois encore, inattendue. Plutôt que d’imaginer de nouvelles batailles et de se focaliser, ce qui serait tentant, sur un aspect purement géostratégique, les auteurs préfèrent nous plonger dans un récit proche du polar. Ils nous racontent ainsi une machination politique et nous plongent, de ce fait, dans les coulisses du Parti Nazi.

Du coup, nous nous sentons moins dans l’uchronie que les précédents tomes. Cette histoire, si l’on excepte l’aspect surhumain du Ritter Germania, aura aussi bien pu se passer durant la Seconde Guerre Mondiale, avec des nazis complotant pour faire tomber leurs petits camarades. La course au pouvoir vu par la petite porte, voilà ce qu’est finalement cet album. Certes, il manque Hitler. Mais je ne serai pas surpris que bien des hommes clés du Reich aient, eux aussi, mobilisé à l’époque beaucoup d’énergie pour écraser leurs collègues et gagner les faveurs du Führer.

L’approche est donc intéressante et on débute avec plaisir la lecture de ce récit qui fait, d’une certaine façon, un pied de nez aux super-héros des Comics, sauce fascistes. Mais le Ritter est vite détourné de son rôle premier et c’est toute une enquête qui s’ouvre pour retrouver le meurtrier en série des dirigeants nazis.

Un petit grain de sable vient toutefois briser le rythme d’un récit pourtant très efficacement mis en image par Ronan Toulhoat. Alors que le dessinateur réalise avec brio ses scènes d’action (quel coup de crayon !), l’effet est occulté par une voix off qui vient peser sur l’aventure. Le livre rassemble peu de vrais dialogues et privilégie les commentaires ou les pensées des acteurs du drame. Cela donne un style à la bande dessinée, mais la dynamique s’en ressent. C’est peut être d’autant plus flagrant que l’intrigue elle même n’est pas un modèle de complexité.

Nous sommes donc en possession d’un ouvrage intéressant de par sa découverte des personnages du Reich, ouvrant des portes encore inexplorées et, qui plus est, graphiquement réussi. On ne peut alors que regretter que le scénario ne soit pas un tout petit peu plus étoffé ou, tout au moins, un peu plus rythmé, afin de donner au livre sa pleine mesure.

Par Legoffe, le 25 mars 2012

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