Road therapy

 
C’est jour de sortie en car pour les six pensionnaires d’un hôpital psychiatrique ; direction le pays cathare et ses fameux châteaux ! Au détail près que le chauffeur ne se présentera pas et qu’il sera remplacé au pied levé par un autre. Jean-Paul et Hélène, les encadrants, sont pris au dépourvu mais se laissent finalement convaincre par le discours de Igor, chauffeur remplaçant que personne ne connaît ni d’Adam ni d’Eve.

L’excursion a lieu sur plusieurs jours et Igor, s’il est plein de bonne volonté et montre même parfois savoir y faire avec les pensionnaires, devient parfois un personnage nerveux, impulsif, bref en qui on ne peut pas vraiment avoir confiance totalement… Mais il faut "faire avec" puisque le voyage a commencé et c’est au prix de nombreux pourparlers tendus que tout ce petit monde se supporte bon an mal an. Jusqu’au matin où Jean-Paul et Hélène se sont retrouvés seuls et devant le fait accompli : au mépris des règles élémentaires de responsabilité, Igor est parti direction la proche Espagne avec dans son car les pensionnaires qui, selon lui, ne demandaient que ça.
 

Par sylvestre, le 22 août 2018

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Notre avis sur Road therapy

 
La première scène de cette BD a des airs du départ de la sortie "pêche en mer" dans le film Vol au-dessus d’un nid de coucou. Et pour cause : dans Road therapy, il est question aussi d’une excursion proposée aux pensionnaires d’un établissement accueillant des personnes "tracassées". Ces dernières sont peu nombreuses et leurs présentations nous sont faites à l’occasion de leur montée dans le car. On apprend ainsi leurs noms et on a un aperçu de leur comportement. On fait en même temps connaissance avec leurs encadrants, avant que Igor n’apparaisse et déclenche la suite.

Dans Road therapy, aucun personnage ne réussit à toucher vraiment le lecteur. C’est dommage. Les pensionnaires ont leurs problèmes et si leurs écarts de comportements jalonnent la BD et y insufflent un peu d’humour, ils restent finalement des personnages trop secondaires. Jean-Paul et Hélène sont eux les "professionnels de l’étape" mais ils sont raidis par leurs responsabilités et n’arrivent pas à être convaincants ou sympathiques dans leurs prises de décisions et dans leurs attitudes. Quant à Igor, on sait qu’il est le "personnage mystère" dans cette histoire et on a pour cela du mal à vouloir s’y attacher aussi.

L’idée générale est bonne mais pas mal de choses dans cette bande dessinée mettent à mal la crédibilité du scénario de Stéphnae Louis. A commencer (même si ce n’est finalement qu’un détail) par la présence du car sans chauffeur, au début : car alors, comment le car est-il donc arrivé ?! Puis à cause des enchaînements : certaines choses vont trop vite et auraient mérité plus de temps pour être amenées et pour que le lecteur y croit plus ou mieux. Ce côté "Igor a monté la tête des pensionnaires pour que ceux-ci lui demandent de pousser jusqu’en Espagne", par exemple… Si Monsieur Jean-Paul et Madame Hélène le pensent, rien ne l’atteste vraiment. On ne voit pas de séance de "bourrage de crânes". Et pourtant le scénario s’appuie sur cette supposition ; ou peine à nous faire comprendre que l’idée a mûri dans les têtes des pensionnaires et qu’ils sont d’accord. Or, "ne donne pas la parole" à ces derniers et on ne voit finalement pas s’ils sont contents ou non, à un moment, d’avoir été embarqués par Igor contre la volonté des encadrants… Plein de détails comme ça qui laissent penser que l’auteur aurait dû approfondir ses transitions et ses relations de causes à effets. Et on se retrouve finalement dans une histoire où la psychologie joue un rôle très important, mais où on a l’impression qu’on avance avec des gros sabots !

Malchance, le dessin de Lionel Marty n’est pas des meilleurs non plus, ce qui ne rattrape pas ces impressions mitigées qu’on peut avoir sur l’œuvre. Les personnages ne se ressemblent en effet pas toujours d’une case à l’autre. Certains zooms ou certaines proximités de visuels ne sont pas du meilleur effet, non plus. Certains traits enfin semblent parfois mal maîtrisés et des visages montrent ainsi parfois par exemple des bouches qui paraissent trop grandes, trop appuyées ou qui n’ont pas une expression adéquate à 100%…

Déception, donc. On part avec des pensionnaires pleins de potentiel mais ce n’est pas pour autant qu’ils nous offrent du grand spectacle. On part avec des encadrants qui devraient être des "phares" dans cette histoire, des gens à qui se raccrocher, mais qui ne font qu’envenimer les choses et empêchent en cela d’autres pistes scénaristiques d’exister dans le domaine du relationnel. Ils nous en privent ! On part enfin avec un chauffeur, Igor, dont le secret est officiellement dévoilé à la fin mais a bien du mal à rester très enfoui tout du long. Ce qui fait beaucoup de mauvais points ; et donc une bande dessinée qu’on ne recommandera pas à tout prix.
 

Par Sylvestre, le 22 août 2018

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