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Robert Badinter - Au nom de la justice

18 septembre 1981, l’Assemblée nationale vote l’abolition de la peine de mort. Derrière ce moment historique, le combat et l’engagement d’un homme, Robert Badinter, dont Marko et Jean-Yves le Naour nous retracent ici le parcours.

Par v-degache, le 3 février 2025

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Notre avis sur Robert Badinter – Au nom de la justice

Quelques mois après le Robert Badinter de Christopher et Pascal Bresson, arrive dans les bacs une nouvelle biographie dessinée consacrée à l'ancien Garde des Sceaux, signée Jean-Yves le Naour (scénario) et Marko (dessin), aux éditions Dunod.

Le récit parcourt les combats et les engagements de l’avocat abolitionniste. Issu d’une famille juive de Bessarabie, Robert naît à Paris en 1928. Il va connaître l’antisémitisme des années 30 et vivre l’arrestation de son père, par la Gestapo, à Lyon, en 1942, lequel mourra au camp d’extermination de Sobibor. Après-guerre, le jeune homme suit des études de droit, travaille avec le ténor du barreau, Henry Torrès, s'engage politiquement à gauche et contre la colonisation, faisant la rencontre du socialiste François Mitterrand !

Puis vient le combat abolitionniste, avec ce moment clé et traumatique qu’est le procès Bontems. Badinter n’arrive pas à empêcher l’application de la peine capitale pour celui qui n’avait pourtant pas tué lors de la tragique prise d’otages de Clairvaux, en 1971. Cet échec va renforcer son engagement, jusqu’au succès obtenu lors du procès de Patrick Henry, auquel il évite l’exécution, s’attirant les foudres d’une grande partie de l’opinion publique. Pour la première fois dans l'histoire de la Vème république, avec Mitterrand, un président de gauche est élu, et l’abolition de la peine de mort votée en 1981 !

Le graphisme semi-réaliste de Marko (Les godillots) donne une certaine poésie à cette nouvelle biographie consacrée à Robert Badinter, le choix d’une colorisation à dominante bleu-blanc (ou jaune) -rouge étant particulièrement réussie, dans des compositions de planches audacieuses, rendant la lecture très fluide, malgré certaines pages bavardes !
On sent derrière l’écriture le travail de l’historien, avec cette volonté de replacer (habilement) le combat d’un homme dans un contexte français plus large, par exemple au moment de la Guerre d’Algérie, ou en fin d’ouvrage, lorsque le passé vichyste de Mitterrand et son amitié avec René Bousquet, organisateur principal de la Rafle du Vel’ d’Hiv’, bouleversent Badinter au plus profonde de son âme.

Ce souci de mise en perspective avec les enjeux sociétaux et historiques de l'époque ne rend la BD que plus passionnante. Après Le crétin qui a gagné la Guerre froide ou Le réseau Comète, l’historien signe encore un scénario particulièrement adroit et une narration totalement en phase avec le dessin !


Foncez sur ce Robert Badinter, une biographie dessinée rondement menée et maitrisée !

Par Vincent, le 03 février 2025

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