ROCKABILLY ZOMBIE SUPERSTAR
Tome 1

Les éditions Ankama aiment bien les histoires qui donnent froid dans le dos et les nombreux lecteurs, friands de ce culte mortifère, ne les en remercieront jamais assez. Croquant en plein dans le thème juteux de la zombie attitude, elles mettent en avant le travail pétrifiant de deux jeunes artistes, Nikopek et Lou, forts ancrés dans un domaine horrifique qui est, certes, loin d’être tari.

Faisant appel à de nombreuses références du genre tels que "Walking Dead", "Les zombies qui ont mangé le monde", "Ma vie de zombie"…, l’aventure se vautre grassement dans le gore, par des échanges de tout poil, au revolver et même à la pelle. La fantaisie qui en découle est violemment acidulée, reflétant une société où la cohabitation entre gens normaux et pestiférés se fait tant mal que bien sous le regard mitrailleur de la gente militaire. A ce titre, l’on conviendra que les dialogues crus confortent parfaitement l’atmosphère surexcitée et violente dans laquelle macère cette communauté liquéfiée.

On sent que les auteurs veulent se faire plaisir avant tout, et donnent de la "mort-vivance" à tour de bras et à qui en veut sous le prétexte fallacieux d’une renaissance annoncée. Le héros de leur histoire reste subtilement sur la brèche entre devenir zombie à part entière et conserver une certaine apparence humaine. L’originalité de leur récit est qu’il soit bercé par l’aura bienfaisante du grand Elvis dont l’apparition presque divine donnera l’impulsion scénaristique et qui accompagnera musicalement les péripéties sanglantes de Billy, looser patenté.

Nikopek et Lou creusent généreusement leur trou en se libérant du carcan étriqué des vignettes conventionnelles. Totalement imprégnés du contexte comics, ils laissent parler leurs crayons pour étaler au grand jour des graphiques colorisés superbement, pleins de vigueur et de rigueur, démoniaques, violents et extravagants. Si le port de la banane a son charme, l’appel de la pelle a de quoi défrisé le moindre adversaire du rocker. Certes les gueules ravagées que l’on croise ont de quoi vous faire frémir et finissent toujours, grâce à la dérision que l’on pressent, à faire rire en faisant grincer les dents.

Si le cœur vous en dit et à condition qu’il soit bien accroché, vous avez la possibilité de prendre place à bord de la belle dodge challenger, conduite par l’unique Billy Rockerson qui vous entraînera dans une ballade d’un mordant mémorable. Une mise en bouche délirante pour un duo qui promet et qui s’inscrit parfaitement dans le nouveau label 619 de chez Ankama.
 

Par Phibes, le 12 août 2009