Rocking chair

Étonnamment, ce dernier album de Kokor (avec Jean-Philippe Peyraud au scénario) est pratiquement passé inaperçu ! Alors qu’à la lecture il se révèle une nouvelle fois une vraie perle de sensibilité, d’émotion et de finesse. Du Kokor en pleine forme, au meilleur de son art narratif !

Assez adroitement, Peyraud nous entraîne dans une sorte de récit multiple. On suit d’abord les errances des deux jeunes rescapés, Kees et Daatje qui se découvrent l’un et l’autre dans l’adversité, qui apprennent à s’écouter, s’aimer tendrement. Puis, le scénariste amène une rupture dans le récit en se concentrant sur le rocking chair qu’ils ont dû laisser derrière eux dans l’espoir qu’un jour ils leur sera possible de revenir le chercher. On le voit passer de main en main, abandonné puis récupéré puis à nouveau perdu dans un coin avant de retrouver les mains de Kees. Le jeune homme voit alors le signal pour retrouver celle qu’il a aimé, qu’il n’a plus revu depuis presque 14 ans…

Beaucoup de justesse donc, tant dans l’écriture que graphiquement, l’accent est mis sur une approche très épurée, qui va à l’essentiel, tout en n’oubliant finalement rien.
On est ainsi loin des grandes sagas de l’Ouest, des western flamboyants, dans le giron des cow-boys "burnés" qui sillonnent les sentiers, l’arme à la ceinture. Ici, il est surtout question de survie et de mémoire. Qu’importe les épreuves qui sont venues rythmer la vie de ces deux jeunes survivants, le plus important reste dans le souffle qui les anime, dans cette étincelle qui leur permet de se retrouver, un jour, les yeux dans les yeux !

Un très bel album, absolument pas mièvre, mais puissant !
Une très belle leçon de bande dessinée que je vous encourage à redécouvrir sans plus attendre !

Par FredGri, le 14 novembre 2022