SABOTEUSES
Mouche

A la faveur d’un rythme pour le moins soutenu, ce fameux commando constitué de femmes prêtes à en découdre avec l’ennemi sous le couvert des services secrets britanniques revient pour un deuxième cycle toujours sous la gouverne de Jean-Claude Van Rijckeghem, scénariste versé dans les équipées guerrières (Les souris de Leningrad, 349 Squadron, Little England, Betty & Dodge…). Celui-ci reste accompagné par son fidèle compère Thomas Du Caju qui vient apporter généreusement le relief à ses aventures.

Après Aiguille et Taupe, nous retrouvons la généreuse et volontaire Mouche, saboteuse de son état. Ce premier volet donne donc l’occasion de mieux la connaître en la découvrant dans son engagement auprès du SOE (Special Operations Executive), service rappelons-le qui avait été créé réellement par Winston Churchill durant la seconde guerre. Fort de cette base authentique, le récit présent nous entraîne rapidement sur le théâtre des opérations en France et nous fait découvrir in fine l’une des missions que doit mener l’héroïne.

Cette première partie se veut rondement menée via un déroulement fictionnel bien huilé et bien animé, conjugué évidemment au féminin. Mouche et Aiguille (que l’on a déjà rencontrée et qui, ici, subit une métamorphose naturelle initiée par René), associées à Schnaps, sont appelées à prendre en charge deux personnages au demeurant bien attachants, Berger et Patou et à subir la pression d’un occupant féroce prêt à les faire tomber. Les personnages se complètent agréablement et suscitent, au gré de certains rebondissements, légèreté, sensualité, émotions et même effroi.

Cette perception est également rendue par le superbe travail réaliste de Thomas Du Caju qui, une fois encore, trouve la matière pour nous subjuguer. S’inspirant évidemment d’une documentation indispensable pour un tel récit, l’artiste peaufine son coup de crayon dans une délicatesse et une authenticité qui lui donnent une véritable force. La rigueur qu’il utilise, le soin qu’il apporte à ses extérieurs grevés par la guerre se veulent un véritable atout dans l’appréciation des péripéties. De plus (et c’est sa marque de fabrique), il nous embarque totalement dans sa galerie de portraits qu’il croque avec générosité. On veut pour preuve les personnages féminins qui se veulent de toute beauté.

Une ouverture trépidante certes romancée mais qui illustre adroitement, au travers de Mouche, Aiguille et autres, les terribles missions auxquelles pouvaient être envoyées les saboteuses de Churchill.

Par Phibes, le 23 mai 2024